C’est une scène de désolation totale. Un choc. Il y a quatre ans, la forêt domaniale de Jugny, en Côte-d’Or, à environ 50 km au nord-ouest de Dijon, était encore luxuriante, avec ses grands hêtres qui prospéraient naturellement depuis la fin de la dernière glaciation, voilà environ 10 000 ans. Désormais, ce ne sont que troncs pelés et cassés, branches à terre, tristes pantins démembrés et étêtés. Ceux qui tiennent toujours debout sont en réalité déjà des cadavres ou sont mourants. La plupart portent de petites boules noires sur leurs branches, les bogues dans lesquelles se trouvent les faînes, les fruits du hêtre. «Elles ne devraient pas être là en hiver, c’est signe que les branches sont mortes, soupire Lilian Duband, l’ingénieur forestier de 28 ans qui nous a conduit ici. C’est la cata, ça fait mal au cœur.»
Stress climatique
Pourquoi un tel désastre, aussi fulgurant ? L’année 2021 arrosée n’a pas pu compenser trois années de chaleurs et de sécheresses exceptionnelles, de 2018 à 2020. «Quand le sol et l’atmosphère sont trop secs, des bulles d’air se forment dans les vaisseaux et la sève ne peut plus circuler, cela fait comme une embolie. Ils ne meurent pas en une année, mais s’ils subissent un autre stress climatique les années suivantes, c’est trop», explique Lilian Duband. D’autant que les arbres ainsi affaiblis sont attaqués par