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Climat

Gaz à effet de serre : rebond des émissions en France après une baisse pendant la pandémie

De premiers chiffres provisoires publiés cette semaine indiquent que la tendance est bien à la baisse ces dernières années, grâce à la pandémie et malgré un soubresaut en 2021.
La raffinerie Total de Feyzin près de Lyon, le 15 octobre 2021. (Laurent Cipriani/AP)
publié le 17 juin 2022 à 17h52

Les émissions de gaz à effet de serre de la France repartent à la hausse en 2021. Elles ont rebondi de 6,4 % par rapport à 2020, en raison de la reprise de l’économie post-Covid, selon les chiffres officiels provisoires du Citepa.

Les données mises en ligne par l’organisme mandaté pour réaliser l’inventaire français des émissions, la France a émis l’an dernier 418 millions de tonnes équivalent CO2. C’est 25 millions de tonnes équivalent CO2 de plus que l’année précédente et c’est surtout limite, puisque le plafond à ne pas dépasser pour la France était fixé à 423 millions de tonnes équivalent CO2 en 2021.

En 2021, les émissions sont donc en nette hausse de 6,4 % par rapport à 2020, et ce malgré des restrictions de déplacement. Seul le secteur des déchets est en légère baisse. Un maigre résultat alors que l’année 2020 avait été marquée par une baisse massive des émissions (-9,6 % par rapport à 2019) en raison de la paralysie de l’économie et de la société dans son ensemble à cause de l’épidémie de Covid-19.

Pas de retour au niveau prépandémie

Cependant, contrairement à ce que l’on craignait, le rebond «ne revient pas au niveau d’avant-crise : la tendance à la baisse des émissions se poursuit», note sans autre commentaire le Citepa qui doit publier son rapport complet sur l’inventaire français dans les prochaines semaines.

Comparées à 2019, niveau pré-pandémie, les émissions ont baissé de 3,8 % en 2021 et comparé à 2017, début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, la baisse atteint 9,6 %. «C’est un bon résultat, qui montre que le gouvernement a engagé des changements structurels de nos façons de produire, de se déplacer et de consommer», s’est félicité le gouvernement mardi à l’issue du Conseil des ministres.

Reste à voir si la tendance se confirmera dans les années à venir. «Ces résultats ne sont bien sûr qu’une étape et il conviendra d’intensifier l’effort en doublant le rythme de baisse des émissions de gaz à effet de serre dans les cinq prochaines années», a-t-il ajouté. «Comme il n’y a pas eu de mesure structurelle, les transports risquent malheureusement d’être à la hausse en 2022», avertit Anne Bringault du Réseau Action Climat (RAC).

Dans le cadre de l’accord de Paris qui vise à limiter le réchauffement de la planète à nettement en dessous de +2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle, si possible +1,5°C, la France s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030 par rapport à 1990. La France en était à -23 % en 2021, selon les derniers chiffres du Citepa. Mais ces objectifs sont censés être revus dans le cadre du renforcement des ambitions européennes. L’UE vise, elle, -55 % d’ici 2030. Le chemin vers cet objectif est encore long pour la France.

Si les émissions françaises avaient augmenté en moyenne de 0,7 % par an entre 2014 et 2017, la trajectoire semble désormais à la baisse, mais pour les défenseurs de la planète, ce n’est ni suffisant ni assez rapide, comme l’illustre le trop lent développement de l’éolien et du solaire. Et l’Etat a été condamné par la justice pour ne pas en avoir fait assez dans la lutte contre le changement climatique.

Saisi par Grande-Synthe, commune du littoral du Nord qui s’estime menacée par la montée du niveau de la mer, le Conseil d’État avait ainsi donné en juillet 2021 neuf mois au gouvernement pour «prendre toutes mesures utiles» afin de ramener les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, à un niveau compatible avec les objectifs de la France. Le Conseil d’Etat doit se pencher à nouveau sur ce dossier dans les prochains mois.