C’est un immeuble de type HLM caractéristique des années 60, planté à flanc d’une dune artificielle de Soulac-sur-mer, en Gironde. Une barre de quatre étages, composée de 78 logements, nommée «Le Signal». Un bâtiment construit à l’origine à 200 mètres environ de l’océan, que moins de 20 mètres à présent séparent du rivage, et dont on parlera bientôt au passé.
Car ce vendredi, le ministre de la Transition Ecologique, Christophe Béchu, et la secrétaire d’État à l’Écologie, Bérangère Couillard, lancent le chantier de destruction du Signal, devenu le symbole de l’érosion côtière.
Au rapport
Entre fin 2013 et début 2014, huit tempêtes hivernales, dont quatre extraordinaires, se succèdent sur le littoral atlantique. Et à force de frapper la dune, les flots et les vagues finissent par la creuser, fragilisant l’édifice. Un arrêté de péril est alors pris par la municipalité, et fin janvier 2014, Le Signal est évacué.
Fin 2020, après six ans de feuilleton juridico-administratif, les copropriétaires ont obtenu une indemnisation à hauteur de 70 % de la valeur originelle de leur logement. Un «accord one shot» voté au Parlement, qui «ne fera pas jurisprudence» pour éviter d’élargir le fonds «Barnier» - dédié uniquement aux risques naturels majeurs - aux milliers de propriétaires menacés par l’érosion dunaire, relèvent des spécialistes du dossier.
Car dans la région Nouvelle-Aquitaine, selon le Groupement d’intérêt public (GIP) littoral, principal acteur local de la gestion de l’érosion, entre 750 et 6 700 logements et commerces pourraient être avalés par l’océan d’ici la moitié du siècle, si rien n’est fait. Pour Nicolas Castay, directeur de cette structure financée par l’État, la Région et les collectivités du littoral, «l’affaire du Signal a été un révélateur, un drame pour avancer. Les collectivités se sont équipées et outillées avec des spécialistes» pour lutter. Les maires, rassemblés au sein de l’Association nationale des élus du littoral, réclament à l’État «un fonds national dédié» pour financer ces projets.
Ainsi, la station balnéaire girondine de Lacanau, pionnière pour relocaliser plus d’un millier de logements, a repoussé ce projet à l’après 2050, pour cause d’«infaisabilité» financière et juridique. Elle a finalement restreint le déplacement à quelques édifices publics et opté pour la construction d’une digue à 30 millions d’euros - l’équivalent du budget de la commune - «fixant» le front de mer pour trente ans.
Enquête
Selon les scientifiques de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, d’ici à 2050, le littoral sableux du golfe de Gascogne pourrait reculer de 50 mètres et les côtes rocheuses du Pays basque de 27 mètres.
Le dérèglement climatique, qui devrait engendrer ces trente prochaines années une montée des eaux similaire à celle mesurée sur tout le siècle dernier, menace également d’accentuer le phénomène de plusieurs dizaines de mètres supplémentaires par endroits.