Menu
Libération
Réchauffement climatique

Glaciers des Pyrénées : une fonte à fond la caisse

Article réservé aux abonnés
Les Pyrénées françaises ont connu une dégradation record cet été. Mythique et massif, le glacier d’Ossoue a perdu 5 mètres d’épaisseur et bat en retraite en restituant les vestiges d’une époque faste.
Le glacier d’Ossoue, qui mène au sommet du Vignemale, dans les Hautes-Pyrénées, photographié en 2000, puis en 2015, et enfin en 2023, pire année pour celui-ci depuis le début des mesures. (Pierre René/Association Moraine)
publié le 28 octobre 2023 à 10h41

Quiconque a déjà planté ses crampons dans le majestueux glacier d’Ossoue peine aujourd’hui à reconnaître le géant blanc. Cette icône est un passage obligé pour atteindre enfin le sommet du Vignemale, point culminant des Pyrénées françaises prisé par les randonneurs. Mais l’étendue de glace vieille de plusieurs millénaires est désormais défigurée par une fonte intense. La langue qui déborde d’une mâchoire de roche perchée à 3 200 mètres d’altitude et s’étend le long de la pente a été presque amputée. De la partie basse, il ne reste qu’un lambeau d’à peine un hectare. «Dans deux ans, il n’y aura plus que la partie haute, qui couvre actuellement 22 hectares. Elle aussi a diminué en taille et en épaisseur cette année», signale le glaciologue de l’association Moraine, Pierre René.

Celui qui ausculte les glaciers des Pyrénées françaises depuis vingt ans ne s’attendait pas à un tel amaigrissement en 2023. Ossoue, le plus haut glacier de la chaîne de montagnes française, vient de connaître la pire année depuis au moins 2001, date du début des mesures annuelles précises. Il a perdu 5 mètres d’épaisseur de glace en moyenne sur toute sa surface (4,5 mètres d’eau), l’équivalent de plusieurs années de fonte au cours d’un seul été. Un bilan «catastrophique», alors même que 2022 semblait presque impossible à battre si rapidement,