Les opposants au controversé projet d’autoroute A69 vont bénéficier d’un soutien de poids. La militante écologiste Greta Thunberg s’est jointe samedi 10 févier à leur rassemblement dans le Tarn, dans le sud-est de la France. Elle est arrivée parée d’un imperméable rose fuschia, capuche grise rabattue sur le crâne, sous une pluie battante.
L’égérie mondiale de la lutte contre le réchauffement climatique fait partie d’une délégation internationale arrivée en fin de matinée à Saïx, une commune située à quelques kilomètres à l’ouest de Castres où doit se tenir samedi et dimanche un week-end de sensibilisation aux enjeux écologistes baptisé «la cabanade». Entourée de militants portant des pancartes où l’on peut lire «Stop A69», l’activiste suédoise de 21 ans devait participer un peu plus tard à une conférence de presse. Les organisateurs espèrent rassembler de 500 à 1 000 personnes pour des ateliers, des tables rondes et des concerts, mais la météo pluvieuse et venteuse et l’intervention vendredi des forces de l’ordre à proximité immédiate pourraient refroidir les ardeurs.
Vendredi, le préfet du Tarn avait annoncé avoir «pris un arrêté d’interdiction de manifestation et de rassemblement» samedi et dimanche à Saïx, évoquant «des risques de troubles majeurs à l’ordre public». «Le rassemblement sur un domaine privé, avec l’accord du propriétaire, ça, ce n’est pas interdit, chaucun peut inviter qui il veut chez lui», ont toutefois précisé samedi les services de la préfecture.
Attendue à Bordeaux dès demain
Son voyage en France devrait se poursuivre en direction de la Gironde. France 3 Occitanie précisait vendredi que Greta Thunberg devrait également faire son apparition, le lendemain, le 11 février à Bordeaux, pour répondre à l’appel à manifester lancé par le collectif «Stop Pétrole bassin d’Arcachon» contre la création de nouveaux puits sur le site de l’entreprise Vermillon à la Teste-de-Buch.
Profil
A seulement 21 ans, Greta Thunberg, a acquis une notoriété mondiale grâce à ses «Grèves de l’école pour le climat» entamées à l’âge de 15 ans en Suède et ses discours percutants, notamment lors de son intervention au siège de l’Organisation des Nations unies en 2019. Depuis, la jeune femme prend régulièrement part à de telles manifestations. En octobre, elle a reçu une amende pour le blocage du port de Malmö en Suède. Fin janvier, elle a participé à une marche dans le sud de l’Angleterre contre l’agrandissement de l’aéroport de Farnborough, principalement utilisé par des jets privés. Jugée début février à Londres pour trouble à l’ordre public lors d’une manifestation contre l’industrie des hydrocarbures en octobre dernier dans la capitale britannique, la militante a vu les poursuites contre elle abandonnées. Le juge de la Westminster Magistrates Court a estimé que les policiers chargés de sécuriser la manifestation avaient imposé des conditions «illégales» à son encontre.
L’activiste devrait donc remettre le couvert, en France cette fois, en soutien aux militants et aux scientifiques qui jugent le projet de l’A69 «climaticide» et «anachronique». L’opposition à ce projet d’autoroute – lui-même soutenu par le gouvernement et vivement défendu par la présidente socialiste du conseil régional d’Occitanie Carole Delga – a pris une ampleur nationale en 2023, amplifié par grèves de la faim et de la soif de l’activiste Thomas Brail et des «écureuils», ces perchistes installés sur les platanes en face du ministère de la Transition écologique.
En parallèle, des centaines de chercheurs ont rejoint l’opposition à coups de tribunes et de prises de parole dans les médias pour fustiger ce projet qui «maintient la France sur une trajectoire incompatible avec la transition écologique telle qu’inscrite dans la loi». Le 16 janvier, le groupe écologiste à l’Assemblée nationale a, lui, annoncé le lancement d’une commission d’enquête parlementaire sur le sujet afin «de mettre en lumière toutes les collusions qu’il peut y avoir dans ce dossier».
Mis à jour : le 10 février à 12h30 avec l’arrivée de Greta Thunberg dans le Tarn.