C’est devenu un passage obligé pour Greta Thunberg. Depuis trois ans, la militante suédoise pour le climat passe par la case Davos pour engueuler les financiers et les patrons de grandes boîtes du monde entier qui se donnent rendez-vous dans la station de ski huppée de Suisse. Ce jeudi, elle a accusé le Forum économique mondial de réunir «les gens qui alimentent le plus la destruction de la planète». Elle veut bien parler mais juge «absurde» de les écouter. «Nous semblons les écouter eux plutôt que les gens qui sont effectivement affectés par la crise climatique, les gens qui vivent en première ligne, et cela nous dit à quel point la situation est absurde», a-t-elle dit lors d’un événement organisé en marge de la réunion mondiale.
Davos, où se croisent PDG de multinationales, banquiers, chefs d’Etat influents et milliardaires, est «l’endroit où sont les gens qui alimentent le plus la destruction de la planète, les gens qui sont en plein cœur de la crise climatique, les gens qui investissent dans les énergies fossiles, etc.», a balancé Greta Thunberg, les accusant de mettre la «cupidité» et «les profits économiques à court terme au-dessus des gens, et au-dessus de la planète». «Ces gens iront aussi loin qu’ils le pourront, et aussi longtemps qu’ils le pourront tant qu’ils s’en sortent. Ils continueront à investir dans les énergies fossiles, ils continueront à sacrifier les gens pour leur propre profit», a-t-elle encore martelé.
Une pétition pour l’arrêt des énergies fossiles à 870 000 signatures
Greta Thunberg s’exprimait lors d’une conversation avec d’autres jeunes militantes pour le climat et le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol. «Ma présence ici est un signal très important que je veux donner au monde», a déclaré ce dernier. «Le changement climatique a besoin qu’on lui accorde davantage d’attention. Malheureusement, cette attention décroit», a-t-il déploré, alors qu’il faut investir massivement dans les énergies propres. «Sans une pression publique massive venant de l’extérieur, […] ils continueront à investir dans les énergies fossiles, ils continueront à sacrifier les gens pour leur propre profit», a ajouté en écho la jeune militante, quelques jours après sa brève interpellation en Allemagne.
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Greta Thunberg était accompagnée de trois autres militantes pour le climat : l’Equatorienne d’Amazonie Helena Gualinga, l’Ougandaise Vanessa Nakate et l’Allemande Luisa Neubauer. Elles sont arrivées à Davos avec une pétition lancée cette semaine réclamant l’arrêt par les multinationales de l’exploitation des énergies fossiles. Le texte avait réuni plus de 870 000 signatures mercredi soir. «Nous venons d’endroits différents dans le monde, mais nous avons la même proposition. C’est un appel à dire “il y en a marre !”, marre parce que nous l’avons dit plusieurs fois, nous avons besoin d’une action urgente», a lâché Helena Gualinga.
Ce n’est pas la première fois que Greta Thunberg vient à Davos. L’édition 2020 avait notamment été marquée par ses passes d’armes avec le président américain Donald Trump. Il est temps de «paniquer» parce que «la maison brûle», martelait-elle déjà à l’époque. Mais le climat est un sujet phare au Forum mondial de cette année. Mercredi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à poursuivre les majors pétrolières, comme les cigarettiers l’ont été, pour avoir caché pendant des années les informations dont elles disposaient sur le réchauffement climatique.