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Cartographie

Ilots de chaleur dans les grandes villes de France : une carte des risques disponible quartier par quartier

Une étude publiée mercredi 21 mai, ausculte le phénomène de surchauffe urbaine. Plus de cinq millions de Français sont particulièrement exposés, dont 1,7 million à Paris.
Le 1er mai, les températures ont dépassé les 29°C à Paris, battant le précédent record pour un mois de mai, établi en 2005 à 28,7°C. (Christophe Delattre/AFP)
publié le 21 mai 2025 à 18h37

Vivez-vous dans un quartier particulièrement exposé en cas de canicule ? Mercredi 21 mai, le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) a publié une carte interactive particulièrement intéressante pour les 44 millions de Français dont la commune a été étudiée de près. Ce travail vise à mettre en évidence le phénomène d’îlot de chaleur urbain, qui se manifeste par une température bien plus élevée au cœur des villes que dans les zones rurales environnantes. Un phénomène particulièrement problématique lors des canicules, puisque le milieu urbain, bétonné, crée une sorte de «bulle de chaleur» encore plus difficile à supporter durant la journée, mais aussi la nuit, car le thermomètre peine à redescendre. Cette difficulté à retrouver de la fraîcheur nocturne est usante pour le corps et a des conséquences sur la santé.

A Paris par exemple, il peut faire dix degrés de plus dans le centre qu’en périphérie. Le changement climatique, qui fait grimper toujours plus haut les températures estivales, accentue encore le phénomène, si bien que l’on pourrait subir des pics à 50°C dans la capitale dès 2049.

Le Cerema livre un état des lieux de la sensibilité aux fortes chaleurs des 88 plus grandes aires urbaines de l’Hexagone. L’établissement public s’est appuyé sur des images satellites à très «haute résolution spatiale» ainsi que sur des bases de données ouvertes pour cartographier les «zones climatiques locales» (LCZ). En zoomant sur la carte, on peut voir l’exposition de sa propre maison, son appartement ou son lieu de travail.

Au total, selon le Cerema, plus de cinq millions d’habitants vivent dans des quartiers «à forte sensibilité aux fortes chaleurs». Et une surface de plus de 200 km2 de zones bâties en France, soit deux fois la surface de la ville de Paris, est «à forte ou très forte sensibilité à l’effet d’îlot de chaleur» et demanderait des «actions d’adaptation importantes».

Outre la capitale et ses 1,7 million de personnes exposées à l’îlot de chaleur, Lyon, Bordeaux, Marseille et Lille figurent dans le haut du classement. En France, ces cinq villes concentrent près de la moitié de toute la population métropolitaine vivant dans des secteurs à forte sensibilité, précise le Cerema à Libération.

Plus la taille de la ville décroît et plus la proportion de personnes concernées diminue. Dans les villes de plus de 400 000 habitants, ces zones représentent «près de 20 % des tissus urbanisés» et deux millions de personnes vivent dans des secteurs «à forte ou très forte sensibilité», soit 50 % de la population. Dans les villes de 20 000 à 50 000 habitants, seuls 7 % des habitants sont touchés.

Cette cartographie nationale des secteurs urbanisés les plus propices aux phénomènes d’îlots de chaleur urbains est une des mesures du nouveau plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc), lancé en mars, «A terme, l’objectif serait de couvrir toutes les aires urbaines hexagonales et ultramarines de plus de 20 000 habitants», précise d’ailleurs le document. Le Cerema propose aux collectivités un service gratuit de pré-diagnostic afin de classer les zones urbaines en fonction de leur exposition potentielle, notamment dans le cadre de projets de renouvellement urbain, de la révision d’un plan local d’urbanisme intercommunal ou encore pour construire des plans d’adaptation au changement climatique. Pour atténuer le phénomène d’îlot de chaleur, les villes peuvent désimperméabiliser les sols et végétaliser massivement, repeindre les toitures en blanc ou encore revoir l’isolation des bâtiments pour éviter d’installer des climatiseurs qui réchauffent l’air extérieur.