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Incendies au Canada, inondations à Valence, cyclone Chido… Il n’y a jamais eu autant de déplacés climatiques depuis 2008

Selon un rapport de l’ONU, en 2024, un nombre record de personnes a été contraint de se déplacer à cause de phénomènes naturels résultant de la catastrophe écologique, alors que les températures et le niveau de la mer atteignent des chiffres inégalés.
A Petite-Terre, dans le nord de l'archipel de Mayotte, après le passage du cyclone Chido, le 16 décembre 2024. (David Lemor/Libération)
publié le 19 mars 2025 à 9h13

Des chiffres alarmants. Des centaines de milliers de personnes ont été forcées de fuir cyclones, sécheresses, incendies et autres catastrophes climatiques l’année dernière. Un nombre record depuis 2008, qui souligne l’urgence de déployer des réseaux d’alerte précoces tout autour du globe, selon l’ONU. Les pays pauvres sont fortement touchés, ainsi que le souligne le rapport annuel sur l’état du climat de l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

Au Mozambique, ce sont environ 100 000 personnes qui ont été déplacées lors du passage du cyclone Chido. Mais les pays riches ne sont pas non plus épargnés. L’OMM rappelle par exemple que les inondations à Valence, en Espagne, ont fait 224 morts et que les incendies dévastateurs au Canada et aux Etats-Unis ont forcé plus de 300 000 personnes à abandonner leur foyer pour se mettre en sécurité.

Des températures records

Il faut dire que «les signes évidents du changement climatique provoqué par l’homme ont atteint de nouveaux sommets en 2024», avec des conséquences irréversibles sur des centaines, voire des milliers d’années, souligne l’OMM dans un communiqué. Ce dernier précise que l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée. Les températures ne sont qu’une partie du tableau. En 2024, «nos océans ont continué de se réchauffer» et «le niveau de la mer a continué d’augmenter», s’inquiète Celeste Saulo, secrétaire générale de l’agence, tandis que «la cryosphère, la partie gelée de la surface terrestre, fond à un rythme alarmant : les glaciers continuent de reculer et la banquise antarctique a atteint sa deuxième plus faible étendue jamais enregistrée».

Par conséquent, les catastrophes naturelles se multiplient. La hausse des températures favorise les sécheresses et les incendies de forêt dans les zones les plus arides, la fonte des glaces entraîne une montée des eaux et des inondations, entre autres nombreux bouleversements. Le réchauffement climatique fragilise toujours plus les écosystèmes et rend les phénomènes extrêmes et plus fréquents.

Poursuivre les efforts «malgré les divergences politiques»

«En réponse, l’OMM et la communauté internationale intensifient leurs efforts pour renforcer les systèmes d’alerte précoce», explique Celeste Saulo. L’organisation souhaite que, d’ici la fin 2027, toute la population mondiale puisse être prévenue à temps de potentielles catastrophes climatiques. «Nous réalisons des progrès, mais il faut aller plus loin et plus vite. Seule la moitié des pays du monde dispose de systèmes d’alerte précoce adéquats», plaide-t-elle. Cet appel intervient alors que le retour au pouvoir de Donald Trump, ouvertement climatosceptique, fait craindre un recul dans les sciences du climat.

La principale agence américaine chargée des prévisions météorologiques, de l’analyse du climat et de la conservation marine, la Noaa, est devenue une cible privilégiée de l’administration républicaine, et des centaines de scientifiques et d’experts ont déjà été licenciés. Donald Trump a également nommé à la tête de cette prestigieuse agence un météorologue, Neil Jacobs, qui avait induit en erreur la population sur le passage d’un ouragan lors de son premier mandat.

Or, selon l’OMM, les Etats-Unis occupent un rôle de «leadership» dans le système international qui permet d’établir des prévisions météorologiques essentielles et vitales, ces attaques qui visent l’agence météorologique sont donc à prendre au sérieux. «Nous travaillons avec tous les scientifiques dans le monde pour améliorer la situation des populations» et «espérons que cela continuera malgré les divergences politiques et les changements internes», tempère toutefois Omar Baddour, qui dirige les services de surveillance du climat de l’OMM, lors de la présentation du rapport.