Aux portes de Marseille (Bouches-du-Rhône) et de Narbonne (Aude), d’importants incendies ont déjà brûlé des centaines d’hectares ce mardi 8 juillet. Des bataillons de pompiers, appuyés par des canadairs et des hélicoptères bombardiers d’eau, luttent âprement contre l’avancée des flammes.
Les autorités disent des feux qu’ils sont «fixés», ou bien «maîtrisés», voire «circonscrits» afin de décrire avec le plus de précision possible l’état du sinistre en cours. Tour d’horizon de ce jargon dont les termes renvoient à des situations bien différentes sur le terrain.
Feu «fixé»
Lorsqu’on dit d’un incendie qu’il est fixé, cela signifie que le feu est toujours en cours mais n’avance plus, parce que son axe de propagation a été stoppé. La phase critique est donc terminée, mais les pompiers doivent rester vigilants, parce que le feu peut encore déborder sur les côtés. Ils doivent également continuer de traiter les points chauds afin d’éviter la moindre reprise.
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Feu «maîtrisé» ou «circonscrit»
Une fois que le feu est «fixé», encore faut-il que les pompiers viennent à bout des flammes les plus virulentes et éteignent les foyers les plus importants en lisière de l’incendie. Ce n’est que lorsque les pompiers sont parvenus à éteindre ces brasiers d’ampleur qu’on considère un feu comme «maîtrisé».
L’objectif ensuite pour les pompiers, est de réussir à entourer complètement le feu pour éviter toute reprise. Lorsque c’est le cas, le feu est considéré comme «circonscrit». Un feu «maîtrisé» est donc dans une grande majorité des cas «circonscrit», mais pas tout le temps.
Feu «noyé» et «éteint»
Sûrement la phase la plus fastidieuse pour les pompiers : lorsque ces derniers viennent à bout de l’incendie, il faut s’assurer qu’il n’y ait aucun risque de reprise. Il faut donc arroser abondamment tous les points chauds susceptibles de relancer le feu, notamment lorsque l’environnement se compose de souches et autres lisières touffues susceptibles de conserver des combustions qui pourraient se raviver à tout moment. Il faut supprimer toutes les zones incandescentes, quitte à gratter le sol à l’aide de pelles. L’opération peut donc durer plusieurs jours, parfois jusqu’à une semaine.
L’incendie est considéré comme éteint lorsque les pompiers ont déterminé qu’il n’y avait plus de braises ou autres fumerolles. Ils peuvent alors quitter le sinistre.
Feu «tactique»
Contrairement aux termes cités plus haut, un feu «tactique» renvoie moins à l’état de progression d’un feu qu’à un ensemble de techniques de lutte mise à la disposition des commandants des opérations de secours (COS) pour combattre les flammes. Cette pratique, inscrite depuis 2004 dans le code forestier, recouvre deux méthodes d’emploi du feu. La première, dite du «contre-feu», consiste à allumer de façon planifiée et contrôlée le long d’une zone ciblée un autre foyer qui se développe et supprime le combustible situé sur la trajectoire de l’incendie. Lorsqu’ils se rencontrent, les deux foyers s’éteignent, faute de combustible.
La seconde, appelée «brûlage dirigé», est plutôt une technique de prévention. Les pompiers allument un feu dans un périmètre délimité, dans le but de supprimer des lits de végétaux qui pourraient servir de combustible en cas d’incendie, ou pour réaligner une lisière, voire créer ou améliorer une zone pouvant servir d’appui en cas de reprise ou de départ de feu.
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Les pompiers à l’initiative de ces feux tactiques doivent analyser en amont les paramètres du terrain (végétation, météo locale, évolutions prévisibles) afin de définir les zones les plus adaptées pour un brûlage anticipé. Il arrive parfois de ne pas avoir recours au feu tactique lorsque les conditions ne sont pas réunies. Lors des saisons feux de forêt 2017 et 2019, caractérisées par une sécheresse forte et durable, «plusieurs dizaines d’actions de feux tactiques ont été menées sur l’ensemble du territoire», selon le ministère de l’Intérieur.
Mise à jour : ce mardi 8 juillet à 18 h 17, avec l’ajout des incendies en cours à Marseille et à Narbonne.