Mission accomplie ? L’organisation écologiste britannique Just Stop Oil a annoncé ce jeudi 27 mars qu’elle allait «d’ici fin avril» mettre fin à ses actions chocs. «La demande initiale de Just Stop Oil de mettre fin à l’exploitation du pétrole et du gaz est désormais une politique gouvernementale, ce qui fait de nous l’une des campagnes de résistance civile les plus réussies de l’histoire récente», indique l’organisation dans un communiqué, justifiant donc la fin de ses actions chocs par une victoire dans la lutte contre les énergies fossiles. Bien que le Royaume-Uni soit l’un des pays les plus engagés au monde dans la baisse de ses émissions de gaz à effet de serre, la production d’électricité à partir de gaz et de pétrole reste malgré tout l’apanage du pays.
Jet de soupe sur des œuvres d’art
En réalité, le collectif britannique suit simplement le chemin de ses camarades européens. Ces deux dernières années, d’autres collectifs environnementaux de désobéissance civile ont abandonné les actions coups de poing – c’est le cas d’Extinction Rébellion au Royaume-Uni, de Letzte Generation en Autriche ou encore Riposte Alimentaire en France. Blocages de routes, d’aéroports, interruptions de compétitions sportives, de pièces de théâtre, de réunions d’actionnaires… en 2022, la multiplication de ces actions (face à l’inefficacité des marches pour le climat) avait choqué le grand public. La plus médiatique d’entre elles est justement le fait de Just Stop Oil : cette année-là, en novembre, deux militants avaient aspergé de la soupe de tomate sur les Tournesols de Van Gogh, à la National Gallery de Londres (la toile était protégée par une vitre). D’autres œuvres d’art en prendront pour leur grade, y compris la Joconde. L’indignation est internationale.
Interview
Avec le recul, les militants adeptes de ce genre de pratique font le constat, notamment dans Libération, qu’ils avaient été mal compris du grand public. Finalement, les mouvements arrêtent les uns après les autres ces coups d’éclat. Il faut dire qu’au Royaume-Uni, la répression pénale est sévère : début mars, les peines de prison ferme infligées à dix militants de Just Stop Oil, dont ceux qui s’en étaient pris aux Tournesols, ont été confirmées en appel par la justice : deux ans de prison ferme. Six autres militants, dont cinq avaient été condamnés et emprisonnés pour avoir planifié une action de blocage d’une autoroute lors d’une réunion en ligne, ont quant à eux vu leurs peines réduites par la Cour d’appel de Londres. Parmi eux figurait le fondateur de Just Stop Oil, Roger Hallam, qui a vu sa peine réduite de cinq à quatre ans de prison ferme par la cour d’appel.
«Lourd tribut»
Face à ces constats, «c’est donc la fin de la soupe sur les Van Gogh, de la fécule de maïs sur Stonehenge et des marches lentes dans les rues», concède le mouvement dans son communiqué du jour. «Mais ce n’est pas la fin des procès, du placement sous surveillance électronique, des amendes, des mises à l’épreuve et des années de prison». Just Stop Oil «continuera à dire la vérité devant les tribunaux, à défendre nos prisonniers politiques et à dénoncer les lois anti-manifestation oppressives du Royaume-Uni». Contactée par l’AFP, l’organisation a confirmé la fin de ses actions chocs, expliquant travailler à un «nouveau projet», sur lequel elle n’a pas souhaité donner de détails. Dans la foulée, Greenpeace a salué le travail de l’organisation, estimant que ses militants «avaient payé un lourd tribut».