Menu
Libération
Interview

Jean Jouzel : «Des scientifiques comme Claude Allègre ont retardé l’action pour le climat»

Article réservé aux abonnés
Le célèbre climatologue revient sur le rôle néfaste de l’ancien ministre de l’Education nationale, mort le 4 janvier, dans la lutte contre le réchauffement. A ses yeux, le géochimiste reste la figure de proue du climatoscepticisme en France.
L'ancien ministre de l’Education national Claude Allègre, lors d'une réunion du Parti socialiste, à Paris le 24 octobre 1988. ( Jack Guez/AFP)
publié le 5 janvier 2025 à 13h08

Un homme élégant ne saurait se réjouir à la mort de son vieil ennemi. Quand on lui demande s’il accepte d’évoquer la mémoire du géochimiste et ancien ministre socialiste de l’Education Claude Allègre, mort samedi 4 janvier, le célèbre climatologue Jean Jouzel exprime d’abord «une certaine tristesse». Pourtant, celui qui fut médaille d’or du CNRS ne pardonne pas à Allègre, autre récipiendaire de renom, d’avoir mis, à partir de 1995, «son aura de grand savant» et son influence politique au service de la contre-vérité scientifique dans ses chroniques du Point, puis de l’Express, ou dans ses livres. «Son héritage restera le mammouth et le climatoscepticisme», se désespère l’ancien coprésident du groupe 1 du Giec, les experts de l’ONU sur le climat. Un héritage, qui, observe Jouzel, reste bien vivant dans le débat public.

Comment s’exprimait le climatoscepticisme de Claude Allègre ?

Il disait en substance : «Le réchauffement climatique est très limité, on n’y comprend pas grand-chose.» Sur les causes, il entretenait le même flou. Il invoquait la variabilité naturelle du clim