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Biodiversité

«Jour du dépassement» : la Terre vit à crédit à partir de ce 24 juillet

La planète a épuisé ce jeudi toutes ses ressources naturelles de l’année en seulement sept mois. Une échéance toujours plus précoce, alerte l’ONG Global Footprint Network.
«Un crédit écologique» qui s’aggrave : à titre d’exemple, en 1970, le jour du dépassement était le 29 décembre. (Corinne Rozotte/Divergence)
publié le 24 juillet 2025 à 11h06

Ce jeudi 24 juillet, la planète a déjà épuisé toutes ses ressources de l’année, soit huit jours plus tôt qu’en 2024, selon le calcul de l’ONG Global Footprint Network. Nommée «jour du dépassement», cette date marque le moment où l’espèce humaine a consommé l’ensemble des ressources naturelles que la Terre est en mesure de produire en un an, pour se régénérer ou absorber les déchets. «Un crédit écologique» qui s’aggrave : à titre d’exemple, en 1970, le jour du dépassement était au 29 décembre. «Les humains émettent plus de CO₂ que la biosphère ne peut en absorber, consomment plus d’eau douce qu’elle n’en produit, coupent plus d’arbres qu’il peut en repousser, pêchent plus vite que les stocks ne se reconstituent…», alerte le think tank américain fondé en 2003.

Cet indice s’obtient en divisant la biocapacité de la planète – soit «la quantité de ressources écologique que la Terre est capable de régénérer en un an», explique l’ONG qui s’appuie entre autres sur des statistiques de l’ONU – par l’empreinte écologique de l’humanité. Le tout multiplié par le nombre de jours de l’année. Une méthode tout de même à nuancer, nous expliquait l’écologue Philippe Grandcolas, directeur de recherche du CNRS au Muséum national d’histoire naturelle, «quand on regarde la littérature scientifique, on s’aperçoit que les écologues et économistes qui se sont penchés sur le sujet estiment que le ratio utilisé n’est pas forcément assez précis et qu’il faudrait plutôt calculer en temps réel ce qu’il se passe dans le monde. Ces remarques sont judicieuses, mais n’enlèvent pas au calcul sa légitimité.»

Par ailleurs, d’après ce rapport, nous consommons actuellement 80 % des ressources supplémentaires que ce que les écosystèmes sont en capacité de régénérer, soit «1,8 planète Terre». L’ONG détaille également le jour de dépassement dans 86 pays. Pour le Qatar et ses plus de 2,6 millions d’habitants, il s’agit du 6 février qui arrive ainsi en tête du classement, suivi de près par le Luxembourg (17 février) et le Singapour en troisième position (26 février). La France atteint la 26ᵉ place avec la date du 19 avril.

Crises sanitaires et conflits

Ce crédit écologique entraîne la perte de la biodiversité, de la déforestation et de l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, le tout causant des phénomènes météorologiques extrêmes. Et bien au-delà, ce dépassement cause de l’insécurité alimentaire et énergétique, des crises sanitaires et des conflits, détaille l’ONG.

«La bonne nouvelle, c’est qu’éviter le défaut de paiement écologique est possible…, nous en avons la capacité économique. Développons maintenant la volonté politique, depuis le comportement des consommateurs individuels jusqu’aux stratégies économiques des gouvernements», plaide de son côté le Dr Paul Shrivastava, professeur à luniversité d’Etat de Pennsylvanie.