Elles opinent toutes les trois d’un air entendu, étincelle intacte dans le regard. Indiscutablement, le 29 mars 2023 fut mémorable. Elles se souviennent de chaque instant, du moindre détail dans le décor. Strasbourg et ses berges, les deux tours cylindriques du Palais des droits de l’homme, la forme ovale de la Grande chambre, les nuances bleues du sol, la sonnerie qui retentit, deux fois, leurs corps qui se lèvent de manière solennelle, les dix-sept juges qui apparaissent, les caméras des journalistes qui s’animent, le silence, les tambours dans leur poitrine, la présidente irlandaise de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), Síofra O’Leary, qui prend place, au centre, derrière la boiserie claire, et qui annonce enfin : «Je déclare ouverte l’audience publique sur la recevabilité et le fond dans l’affaire Verein KlimaSeniorinnen Schweiz et autres contre la Suisse.» Elles ont tout entreposé dans leur mémoire. «On a beau être un peu vieillissantes, on ne risque pas d’oublier cet évènement de sitôt !» plaisante en chœur le trio, rencontré un midi d’hiver ensoleillé à Lausanne.
Analyse
Que dire, alors, de ce mardi 9 avril ? Anne Mahrer, Stefanie Brander et Francine John-Calame, âgées respectivement de 75, 68 et 69 ans, sont membres de l’association helvétique des «Aînées pour la protection du climat» (ladite Verein KlimaSeniorinnen Schweiz). Le 29 mars de l’année passée, la Grande Chambre de la CEDH examinait leur requête contre l’Etat suisse pour