Menu
Libération
Ainsi fond

La banquise de l’Antarctique atteint un record de petitesse depuis le début des relevés

Les glaces du continent austral sont parvenues à leur étendue maximale annuelle, le 10 septembre dernier, à 16,96 millions de km². Cette surface n’a jamais été aussi petite depuis le début des relevés du NSIDC, le laboratoire américain de référence.
Des icebergs à Paradise Bay, dans l'Antarctique. (Sergio Pitamitz/Robert Harding.AFP)
publié le 26 septembre 2023 à 7h38

La banquise de l’Antarctique a atteint son expansion annuelle maximale et celle-ci n’a jamais été aussi petite. Le National Snow and Ice Data Center (NSIDC), le laboratoire américain de référence, en a fait la révélation dans la nuit de lundi à ce mardi 26 septembre. «La banquise de l’Antarctique a atteint une étendue maximale annuelle de 16,96 millions de km²» à la date du 10 septembre, écrit le NSIDC, soulignant qu’«il s’agit du plus bas maximum pour la banquise dans les relevés allant de 1979 à 2023, et de loin».

La banquise de l’Antarctique fond en été et se reconstitue en hiver. Ce dernier s’achève actuellement dans l’hémisphère Sud. L’étendue maximum atteinte cette année est de 1,03 million de km² inférieure au précédent record, soit près de deux fois la superficie de la France. En février, en plein été austral, la banquise antarctique avait atteint un niveau plus bas, avec une étendue minimum de 1,79 million de kilomètres carrés – un record de fonte – selon le NSIDC. Par la suite, la banquise s’est reformée à un rythme inhabituellement lent, malgré l’arrivée de l’hiver.

Durant plusieurs décennies, la banquise de l’Antarctique était restée stable, voire s’étendait légèrement. Mais «depuis août 2016, la tendance concernant l’étendue de la banquise de l’Antarctique a pris un virage brutal à la baisse, durant quasiment tous les mois» de l’année, explique le NSIDC. «Le record de diminution de la banquise est pulvérisé, a déclaré Walt Meier, spécialiste de la glace de mer au NSIDC. La croissance de la glace semble faible sur la quasi-totalité du continent et non dans une seule région.»

Une tendance «liée au réchauffement de la couche supérieure de l’océan»

L’explication est sujet de débats chez les scientifiques, qui rechignent à établir un lien formel avec le réchauffement planétaire, tant les modèles climatiques ont peiné par le passé à prévoir les évolutions de la banquise antarctique. Mais cette tendance depuis 2016 apparaît désormais «liée au réchauffement de la couche supérieure de l’océan», écrit l’observatoire américain. «Il existe une inquiétude selon laquelle il pourrait s’agir du début d’une tendance de long terme de déclin de la banquise antarctique, sachant que les océans se réchauffent mondialement.»

La situation n’est guère plus brillante de l’autre côté du globe. Dans l’Arctique, où l’été se termine, la banquise a atteint son étendue la plus basse pour l’année, à 4,23 millions de km², a annoncé le NSIDC. Il s’agit du sixième plus bas en quarante-cinq ans de données.

La fonte de la banquise n’a pas d’impact immédiat sur le niveau de la mer, car elle se forme par congélation de l’eau salée déjà présente dans l’océan. Mais la banquise blanche réfléchit davantage les rayons du soleil que l’océan plus sombre, et sa perte accentue ainsi le réchauffement climatique. La perte de la banquise expose en outre davantage les côtes de l’Antarctique aux vagues, ce qui pourrait déstabiliser la calotte glaciaire, constituée d’eau douce. Sa fonte provoquerait une montée du niveau des océans catastrophique.