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Etats-Unis

La Californie frappée par une violente tempête, trois morts et encore 300 000 foyers sans électricité

Des vents violents et des pluies diluviennes balayent l’Etat de l’ouest américain depuis dimanche 4 février, causant inondations et glissements de terrain. L’état d’urgence a été déclaré dans plusieurs comtés.
Un homme dans une rue inondée de Santa Barbara, en Californie, le 4 février 2024 (Mario Tama/Getty Images. AFP)
publié le 5 février 2024 à 15h13
(mis à jour le 6 février 2024 à 7h28)

Des quartiers entiers ont été submergés. Une puissante tempête commencée dimanche 4 février continue d’apporter des pluies torrentielles sur la Californie. Des trombes d’eau tombent sur le sud du «Golden State», où il pleut sans discontinuer depuis plus de 24 heures. Dans le Nord, où les rafales ont été très violentes, au moins trois personnes sont mortes dimanche à cause de chutes d’arbres, selon les autorités locales. «C’est une tempête majeure, avec des conséquences dangereuses qui peuvent potentiellement mettre des vies en danger», a averti le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, en proclamant l’état d’urgence dans huit des 58 comtés de l’Etat. Dimanche, environ 36 millions de personnes ont été concernées par les risques d’inondations dans de grandes zones urbaines, comme Los Angeles – où s’est déroulée la prestigieuse cérémonie des Grammy Awards.

Les autorités multiplient les messages de prudence, car la pluie doit se poursuivre jusqu’à mardi, voire mercredi. Elle tombe sur des sols déjà saturés par une première tempête la semaine dernière, ce qui augmente les risques d’inondations, car la terre n’absorbe plus rien. «L’agglomération de Los Angeles, ainsi que les régions situées à environ 50 miles (80 km, ndlr) à l’est et à l’ouest, restent exposées à un risque élevé d’inondations graves, de coulées de débris et de glissements de terrain pendant au moins les prochaines 24 heures», a averti lundi Daniel Swain, spécialiste des phénomènes météo extrêmes à l’Université de Californie à Los Angeles.

Plus de 300 000 foyers et commerces restaient coupés d’électricité lundi dans l’après-midi, selon le site spécialisé PowerOutage.us. Cela touche particulièrement le nord de l’Etat, où des vents à plus de 160 km/h ont été enregistrés dans la région de San Francisco dimanche. Lundi, des dizaines de vols au départ et à l’arrivée de l’aéroport de Los Angeles ont été annulés ou retardés.

Cinq rivières ou ruisseaux à travers l’État ont d’ores et déjà dépassé le niveau de crue, selon les observations de la National Oceanic and Atmospheric Administration, et plus d’une douzaine d’autres sont sous surveillance. Des rafales de vent allant jusqu’à 135 km/h ont été signalées le long de la côte de Big Sur dimanche matin. Le centre-ville de Los Angeles a enregistré dimanche 104 mm de pluie, explosant le record quotidien du 4 février 1927, lorsqu’il était tombé près de 65 mm, affirme le NWS.

Lorsque la pluie tombe en grande quantité sur les montagnes, elle dévale les pentes, emportant parfois avec elle les terres saturées, créant des glissements de terrain. «Les pannes majeures d’électricité seront la partie la moins dangereuse de la tempête, par rapport à ce qui est sur le point de se dérouler et commence à se dérouler dans le sud de la Californie», affirme sur YouTube Daniel Swain.

Les agences de l’Etat ont préparé des millions de sacs de sable, des équipes de sauvetage aquatique et des véhicules. Les communautés situées à flanc de montagne, à proximité de rivières en crue ou des zones brûlées par les récents feux de forêt ont été soumises à des évacuations obligatoires ou à des avertissements, notamment à Ojai, Los Angeles et Santa Barbara. Les gestionnaires d’eau ont aussi vidé les réservoirs qui approchaient leur capacité maximale, comme dans la vallée de Sacramento.

Le déluge survient alors que la Californie se relève à peine d’une autre tempête, survenue quelques jours plus tôt et qui a également déclenché des pluies diluviennes, saturant les sols. Ces conditions météorologiques extrêmes sont favorisées par le phénomène climatique El Niño.

«Il y a encore au moins six à sept semaines potentielles [de tempêtes] et je ne serais pas surpris s’il y avait un autre cycle de tempête majeure à un moment donné au cours de cette fenêtre», a estimé Daniel Swain.

El Niño est un phénomène climatique associé à l’augmentation des températures des océans dans le Pacifique tropical. La vapeur qui s’évapore des eaux de surface plus chaudes surcharge les rivières atmosphériques, ces couloirs d’humidité qui créent actuellement ces fortes tempêtes en Californie.

En général, El Niño provoque des hivers plus chauds et humides dans cet Etat américain. De quoi donner un avant-goût de ce qui attend l’humanité à mesure que le monde se réchauffe, alertent les scientifiques. «Cela nous dit quelque chose sur ce à quoi les hivers californiens pourraient ressembler de plus en plus dans un climat plus chaud», juge Daniel Swain.

Mise à jour : mardi 6 février à 7 h 25 avec bilan actualisé.