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Libération
Chaleurs extrêmes

La canicule sur les JO boostée de trois degrés par le changement climatique

JO Paris 2024dossier
En juillet, la vague de chaleur qui a frappé le sud de l’Europe et le nord de l’Afrique aurait été presque impossible sans le réchauffement d’origine humaine, selon une analyse inédite publiée mercredi 31 juillet. La fournaise à Paris pendant les compétitions a été aussi étudiée par les chercheurs.
Au centre de tir de Châteauroux, mardi 30 juillet, pour les épreuves du pistolet aux JO de Paris 2024. (Amr Alfiky/REUTERS)
publié le 31 juillet 2024 à 18h37

Les Jeux olympiques 2024 n’échappent pas au changement climatique. Mardi, «le monde a vu les athlètes souffrir d’une chaleur de 35°C. Si l’atmosphère n’était pas surchargée d’émissions provenant de la combustion de combustibles fossiles, Paris aurait été plus fraîche d’environ 3°C et beaucoup plus sûre pour le sport», affirme Friederike Otto, climatologue à l’Imperial College London, qui cosigne ce mercredi 31 juillet une analyse sur les températures extrêmes de juillet en Méditerranée. Ce travail est mené dans le cadre du réseau de référence World Weather Attribution (WWA), un groupe de scientifiques qui calcule le rôle précis du changement climatique dans des événements météorologiques extrêmes.

Malgré la canicule encore en cours en France, les épreuves des Jeux olympiques, majoritairement organisées dans la capitale française, n’ont pas été reportées. Les volontaires ont cependant fait état de malaises dans le public mardi à Paris, rapporte l’AFP. L’étude du WWA pointe aussi le risque pour les athlètes «exposés à des températures élevées et non acclimatés à celles-ci», avec potentiellement «une baisse de leurs performances et une augmentation des maladies liées à la chaleur, telles que les crampes et l’épuisement».

Une chaleur plus intense de 2,5°C à 3,3°C

Plus largement, les chaleurs extrêmes qui ont frappé en juillet des régions de l’Europe et de l’Afrique du Nord auraient été «pratiquement impossibles» sans le réchauffement climatique d’origine humaine, concluent les experts. «La chaleur en Europe a été plus intense de 2,5°C à 3,3°C en raison du changement climatique», note Friederike Otto.

Le réseau de scientifiques s’est penché sur cette vague de chaleur qui a notamment frappé des pays comme l’Espagne, la Grèce, l’Italie et le Maroc. Dans le royaume chérifien, en proie à sa sixième année consécutive de sécheresse, 21 personnes sont décédées en 24 heures dans le centre du pays, ont annoncé les autorités jeudi 25 juillet. Les températures ont grimpé jusqu’à 48,3°C. «Les vagues de chaleur sont les phénomènes météorologiques extrêmes les plus meurtriers, des centaines de milliers de personnes y succombant chaque année», rappelle le WWA.

Treize mois extrêmes

«Des mois de juillet extrêmement chauds ne constituent plus des événements rares», souligne Friederike Otto. Elle précise que «dans le climat actuel, avec un réchauffement d’origine humaine d’environ 1,3°C au niveau mondial, des mois de juillet avec des chaleurs extrêmes peuvent être attendus environ une fois par décennie». L’étude rappelle aussi que la planète est en surchauffe depuis plus d’un an : «Cette vague de chaleur est survenue après treize mois de chaleur extrême à l’échelle mondiale, chacun des treize derniers mois étant le plus chaud jamais enregistré.»

Le lien général entre les vagues de chaleur – plus fortes et plus probables – et le changement climatique est bien établi par la communauté scientifique. «A moins que le monde cesse rapidement la combustion des énergies fossiles, ces événements deviendront plus chauds, plus fréquents et dureront plus longtemps», rappelle le WWA. En plus de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, nous devons nous adapter rapidement, commente de son côté Roop Singh, conseillère sur les risques climatiques auprès du Centre climatique de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge : «Les villes du sud de l’Europe mettent en œuvre des plans d’action contre la chaleur afin de réduire les risques. Ces plans doivent être mis en place dans chaque ville afin de protéger les plus vulnérables.»