Près de 50 000 personnes sont mortes en Europe à cause de la chaleur durant l’année 2023. Le continent, qui se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde, accumule chaque année les pertes humaines, à mesure que les températures augmentent avec le réchauffement climatique. «Nous estimons que 47 690 morts […] ont été liées à la chaleur en 2023», résument des chercheurs au sein d’une étude publiée ce lundi 12 août dans la revue Nature Medicine. C’est la deuxième plus grosse mortalité observée lors de la dernière décennie après l’année 2022.
CheckNews
Réalisée chaque année par les équipes de l’Institut de Barcelone pour la santé globale (ISGlobal), ce travail avait conclu l’an dernier que la chaleur avait été particulièrement meurtrière en 2022 avec plus de 60 000 décès en Europe. Pas étonnant : selon le programme européen Copernicus, l’été 2022 a été le plus chaud jamais enregistré en Europe. La précision de ces chiffres doit toutefois être relativisée. Pour 2023, deuxième été le plus chaud enregistré en Europe, les scientifiques estiment que le nombre de morts est très probablement compris entre près de 30 000 et un peu plus de 65 000.
Il faut surtout en retenir que la chaleur a continué à faire beaucoup de morts en 2023, et principalement chez les personnes les plus âgées. Ces épisodes de forte chaleur, responsables de canicules marines, de sécheresse extrême et de violents incendies, ont logiquement surtout plombé le taux de mortalité des pays du sud de l’Europe, comme la Grèce et l’Italie. Mais ils ont aussi affecté des régions plus inhabituelles, comme les pays baltes.
En ce qui concerne la France, qui vit son deuxième coup de chaud de l’été, l’étude attribue environ 3 500 morts à la chaleur sur l’année 2023. C’est un peu moins que le bilan donné il y a quelques mois par l’agence Santé publique France, qui tablait sur 5 167 décès rien que pour l’été 2023, au cours duquel la France a connu quatre épisodes de canicule.
Ça aurait pu être pire
L’étude, qui compile des données sur 35 pays, estime que le nombre de morts aurait été bien supérieur, sans mesure adéquate de la part des Etats pour répondre à la chaleur. Comme le rappellent ses auteurs, de nombreux pays européens ont pris la mesure du danger lors de la canicule de 2003. On estime que celle-ci a tué 70 000 personnes en Europe – entre 15 000 et 20 000 rien qu’en France –, même s’il est difficile de comparer précisément ce chiffre avec les estimations sur la période actuelle, pour des raisons de méthodologie.
Les auteurs voient dans cette baisse de la mortalité un effet positif des plans de préparation à la chaleur désormais en vigueur, même s’ils jugent que ces politiques ne peuvent se suffire à elles-mêmes et devront nécessairement s’accompagner de mesures plus volontaristes en matière de lutte contre le réchauffement climatique.