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Climat

La pire vague de chaleur extrême subie par Madagascar depuis quarante ans est due à l’activité humaine

La chaleur extrême qui a touché l’île de l’Océan indien au cours du mois d’octobre n’aurait pas été possible sans le changement climatique, directement causé par l’activité humaine, explique une étude publiée ce 23 novembre par le World Weather Attribution (WWA).
Photo de l'Unicef prise le 17 juillet 2023 dans le village de Tanindrato, dans le sud-ouest de Madagascar, victime d'une sécheresse extrême. (Karel Prinsloo/AFP)
publié le 23 novembre 2023 à 18h57

Lorsque le Mercure s’est affolé au cours du mois d’octobre sur l’île de Madagascar et a atteint des records, la population en a subi directement toutes les conséquences, à la fois sanitaires et environnementales. L’être humain est pourtant à la racine de ce mal. C’est ce lien de causalité que relève une étude publiée ce jeudi 23 novembre par le World Weather Attribution (WWA), un réseau mondial de scientifiques qui analyse en temps réel des événements météorologiques extrêmes. L’ampleur de cette vague de chaleur qui a frappé le sud de l’île de l’Océan indien, la pire que l’île ait jamais connue depuis quarante ans, «aurait été virtuellement impossible sans le changement climatique entraîné par l’activité humaine».

L’étude, conduite par 13 experts, détaille que «le changement climatique a fait monter la température de 1 à 2 degrés» à Madagascar, selon les variables étudiées : température moyenne, jours les plus froids et jours les plus chauds. Or «une hausse de même un demi-degré peut pousser des milliers de personnes à leurs limites physiologiques» et provoquer des morts, souligne Sanyati Sengupta, conseiller technique au Centre climat de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

En 2023, en Afrique, plus de 13 000 personnes sont mortes en raison des phénomènes climatiques extrêmes. Un chiffre plus élevé que sur tout autre continent, analyse la base de données internationale sur les catastrophes EM-DAT. L’étude des conséquences des pics de chaleur précisément à Madagascar se voit toutefois entravée par leur faible recensement à l’échelle de l’Afrique.

Une population très vulnérable

Les pays pauvres, bien que responsables de très peu d’émissions de gaz à effet de serre, sont pourtant ceux qui souffrent le plus du réchauffement climatique. Madagascar ne fait pas exception. Près de 91 % des Malgaches vivent sous le seuil de pauvreté, dont la moitié n’ont pas d’accès à l’eau potable et à l’électricité, ce qui les rend «très vulnérables aux chaleurs extrêmes», note l’étude. Et beaucoup vivent dans des logements de fortune, rendant difficile l’application de mesures pour atténuer la portée de ces records de température. Alors que le mois d’octobre marque habituellement le début de la saison chaude et humide, les températures y ont été aussi élevées que celles observées d’ordinaire lors du pic de décembre janvier.

«Avec l’intensification prévue des vagues de chaleur à Madagascar, il est crucial que les communautés comme les autorités prennent des mesures pour mieux y résister», exhorte la chercheuse en climatologie Rondrotiana Barimalala. Selon le WWA aussi, la situation d’Antananarivo requiert des investissements d’urgence dans des systèmes d’alerte précoce et de prévisions des chaleurs extrêmes. Selon le Giec, si rien n’est fait, le changement climatique en 2050 «pourrait entraîner plus de 250 000 décès par an», attribuables en premier lieu à la chaleur.