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Environnement

L’accès à l’assemblée générale de Total bloquée par des manifestants à Paris

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La sécurité renforcée n’a pas fait le poids face aux centaines de militants déterminés à bloquer la salle Pleyel, là où se déroule ce mercredi l’AG de la compagnie française qui se tient sans public. Les ONG dénoncent les faiblesses du plan climatique du groupe pétrolier français.
Des activistes pour le climat se sont réunis ce mercredi devant la Salle Pleyel pour bloquer l'accès à l'AG de TotalEnergies. (Bertrand Guay/AFP)
publié le 25 mai 2022 à 13h25

«Total danger climatique» : avant même d’avoir commencé, l’assemblée générale de TotalEnergies s’annonçait sous tension ce mercredi. Face aux portes de la Salle Pleyel, dans le très chic VIIIe arrondissement de Paris, des centaines de manifestants écologistes et des petits actionnaires bien déterminés à influencer le plan climatique du groupe pétrolier français se sont donné rendez-vous dans la matinée.

Malgré une sécurité renforcée en amont de l’événement, des militants d’ONG environnementales telles que Greenpeace, Alternatiba, ANV COP 21 et les Amis de la Terre ont réussi à bloquer l’accès principal de la salle qui accueille habituellement concerts et spectacles et à perturber la tenue de l’assemblée générale. «Totalement irresponsables» ou «on est là, même si Total ne veut pas, nous on est là», ont crié les militants sous les fumigènes. Certains se sont assis aux sol menottés entre eux, quand d’autres ont déployé une large banderole où l’on pouvait lire «stop projets énergies fossiles», vite retirée par la sécurité.

«Voter contre le faux plan climat de TotalEnergies»

Au-delà des «contradictions climatiques» pointées par les manifestants, ils dénoncent également la présence du groupe en Russie, où TotalEnergies exploite notamment du gaz naturel liquéfié. Que réclament les ONG ? «Des engagements concrets et immédiats» de la part de TotalEnergies […] et «la fin de tout nouveau projet d’énergies fossiles». En amont de l’action, Eva Sadoun, coprésidente du mouvement Impact France, avait souligné qu’il fallait convaincre les actionnaires de «voter contre le faux plan climat de TotalEnergies».

«Ce matin, plusieurs ONG empêchent la tenue de notre assemblée générale en bloquant les accès de la salle. Il ne sera malheureusement pas possible pour nos actionnaires de nous rejoindre, les accès étant maintenant totalement bloqués», a indiqué TotalEnergies à 11 heures ce mercredi matin sur son compte Twitter. Néanmoins, il est toujours possible de suivre l’AG sur le site web du groupe. «L’assemblée générale est un moment de transparence et dialogue essentiel pour nous», a ajouté le groupe sur Twitter.

La grogne des petits actionnaires

De l’intérieur aussi, la colère gronde : plusieurs petits actionnaires sont bien décidés à influencer l’orientation climatique du groupe. Un mouvement qu’on peut observer dans de multiples grandes entreprises en France ou aux Etats-Unis, que ce soit dans le secteur de l’énergie, des banques ou d’autres. L’AG de Shell qui s’est tenue mardi 24 mai a ainsi été suspendue deux heures à cause de militants présents à l’intérieur.

Quelques jours avant la tenue de l’AG, un collectif d’actionnaires de TotalEnergies, représentant 0,78 % du capital, a déposé une résolution demandant au groupe de se conformer à l’accord de Paris sur le climat. Finalement, le texte n’a pas été inscrit à l’ordre du jour de ce mercredi, rejeté par le conseil d’administration, seule autorité légale selon le groupe pour définir «la stratégie notamment en matière de transition énergétique». Malgré la saisine de l’Autorité des marchés financiers (AMF) par le collectif, l’instance s’est déclarée non compétente le mercredi 18 mai, une semaine avant la tenue de l’AG.

Parmi ces actionnaires, Edmond de Rothschild ou la Financière de l’Echiquier, pas spécialement connus pour leur activisme actionnarial, ainsi que le néerlandais MN. Après la réponse de l’AMF, tous ont annoncé qu’ils voteraient contre le plan climatique soumis aux actionnaires. Un combat dans lequel ils ont été rejoints mardi par les Assurances du Crédit mutuel. En cause : l’anticipation par TotalEnergies d’une «forte augmentation de la production des hydrocarbures sur 2019-2030» mais également le regret que «les excédents découlant des prix actuels élevés des hydrocarbures ne soient pas affectés prioritairement à des investissements additionnels dans le renouvelable», selon les Assurances du Crédit mutuel. Et ce, alors que le groupe a réalisé un bénéfice exceptionnel de 16 milliards de dollars l’an dernier.