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Etats-Unis

L’administration Trump rouvre l’Alaska au forage et à l’exploitation minière

Le gouvernement américain a abrogé lundi 1er juin les protections dont jouissait la Réserve nationale pétrolière d’Alaska, un écrin de biodiversité. L’industrie pétrolière s’en est félicitée.
Le lagon de Kaktovik et les montagnes Brooks Range de l'Arctic National Wildlife Refuge, à Kaktovik, en Alaska, le 15 octobre 2024. (Lindsey Wasson/AP)
publié le 3 juin 2025 à 16h39

Des étendues de terres sauvages en Alaska, refuges pour de nombreuses espèces, seront de nouveau ouvertes aux forages pétroliers et à l’exploitation minière. L’administration Trump a annoncé lundi 1er juin l’abrogation des protections mises en place par l’ancien président américain Joe Biden sur ces territoires, parmi les derniers inexploités aux Etats-Unis, rapporte le New York Times.

Cette décision fait partie intégrante du programme de Donald Trump de révoquer toutes les protections environnementales du pays, lui qui appelait lors de sa campagne électorale à «forer, bébé, forer», pour augmenter la production d’or noir et de gaz.

«Nous rétablissons l’équilibre et remettons notre avenir énergétique sur les rails», s’est félicité le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Doug Burgum. Selon lui, l’administration Biden a outrepassé son autorité à un moment où l’indépendance énergétique américaine «n’a jamais été aussi critique» lorsque l’ancien chef d’Etat a interdit en 2024 le forage pétrolier et gazier dans plus de la moitié de cette zone de neuf millions d’hectares.

Doug Burgum a fait cette annonce lors de sa visite en Alaska, accompagné de Lee Zeldin, administrateur de l’Agence de protection de l’environnement, et de Chris Wright, secrétaire du ministère de l’Energie. Les trois hommes ont encouragé les entreprises à forer dans des zones sensibles comme la Réserve faunique nationale de l’Arctique et ont soutenu la construction d’un gazoduc pour le transport de gaz naturel liquéfié dans l’Etat. Ces paroles ont été saluées par l’industrie pétrolière.

Biodiversité

La région, appelée Réserve nationale pétrolière d’Alaska, est une étendue écologiquement sensible située à environ 960 kilomètres au nord d’Anchorage, la capitale de l’Etat. Il s’agit de la plus grande étendue de terrains publics des Etats-Unis, abritant un habitat essentiel pour les grizzlis, les ours polaires, les caribous, des milliers d’oiseaux migrateurs et d’autres espèces sauvages.

L’Alaska se réchauffe deux à trois fois plus vite que la moyenne mondiale, entraînant la fonte de la banquise et le dégel du pergélisol, ce sol glacé en permanence qui, lors de sa disparition, relâche du CO2 et du méthane, de puissants gaz à effet de serre. Ces phénomènes perturbent également les pratiques de chasse, de pêche et de cueillette des communautés autochtones.

Celles-ci sont d’ailleurs divisées sur les projets du président Trump pour la région. «Trop souvent, les décisions fédérales qui affectent nos terres natales sont prises sans l’engagement des Inupiat du versant nord, les personnes que ces décisions affecteront le plus», estime Nagruk Harcharek, président de Voice of the Arctic Inupiat, qui représente les organisations dirigeantes Inupiat du versant nord et qui soutient les projets pétroliers et gaziers.

D’autres ont déclaré que l’ouverture de la réserve aux forages mettait en danger les communautés qui dépendent de la chasse de subsistance. «Cela nous inquiète beaucoup», a déclaré Rosemary Ahtuangaruak, ancienne maire de la ville de Nuiqsut, à majorité inupiaq.

Matt Jackson, le directeur principal de la branche Alaska à la Wilderness Society, une association de conservation des terres, a qualifié l’abrogation des protections environnementales d’outrage. Et de fustiger : «Cette mesure va accélérer la crise climatique à un moment où le sol sous les communautés d’Alaska fond littéralement et où les aliments de subsistance sont en déclin.»