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Libération
Réchauffement climatique

L’année 2023 sera la deuxième plus chaude jamais enregistrée en France

Après une vague de chaleur tardive en août et un automne de tous les records, l’année 2023 devrait être la deuxième plus chaude mesurée en France, juste derrière 2022, annonce Météo France ce jeudi 30 novembre.
Sur la place de la Bastille, le 30 septembre 2023. (Laure Boyer/Laure Boyer)
publié le 30 novembre 2023 à 12h39

La réalité coïncide tristement aux tendances climatiques inlassablement répétées par les scientifiques. Après une série de records à l’automne, 2023 devrait être la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée en France avec une température moyenne de 14,2 °C. C’est le constat livré ce jeudi 30 novembre par Météo France lors de la présentation de son bilan annuel, à laquelle le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a assisté. «Cette année 2023 est remarquable par rapport au climat d’aujourd’hui, mais elle pourrait devenir une année normale en milieu de siècle», souligne Virginie Schwarz, la présidente-directrice générale de Météo-France, qui précise que neuf des dix années les plus chaudes depuis 1900 sont postérieures à 2010. «Ce que nous vivons n’est pas une anomalie géographique», a résumé Christophe Béchu, puisque 2023 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée au niveau mondial.

En France, l’anomalie thermique sur 2023 devrait être autour de +1,3 °C, par rapport aux normales 1991-2020, une période déjà marquée par le réchauffement climatique. Le seuil symbolique des +1,5 °C de réchauffement, objectif fixé par l’accord de Paris en 2015, se rapproche dangereusement, bien que ce cap doive être atteint sur une période prolongée pour être officiellement dépassé. Malgré tout, au rythme actuel de réchauffement, les +1,5 °C pourrait être atteint dès les années 2030, projette l’observatoire européen Copernicus dans son moniteur sur l’évolution de la température mondiale.

«2023 est hors norme»

La vague de chaleur de la fin août a été «particulièrement exceptionnelle» par son caractère tardif. C’est aussi «la plus longue et la plus intense jamais observée après un 15 août», avec des niveaux de chaleur inédits, note Météo France. Cet «été tout en longueur» se classe ainsi «au 4e rang des étés les plus chauds». A Toulouse par exemple, 42,4 °C ont été enregistrés le 23 août. Le record précédent datait de la canicule de 2003, lorsque 40‚7 °C avaient été mesurés dans la ville rose. Ces chaleurs ont aussi perduré la nuit. Ce même 23 août 2023, le mercure n’est pas redescendu en dessous de 27,4 °C. «On sait que les températures nocturnes sont très importantes en matière de santé publique, car c’est la nuit que l’organisme peut récupérer des chaleurs du jour», déroule Virginie Schwarz. Selon une étude d’attribution, la probabilité que cette vague de chaleur se soit produite a été multipliée par 100 par le changement climatique. «C’est exceptionnel», soutient Météo France.

Septembre 2023 a été le mois de septembre le plus chaud de tous les temps en France, et les températures anormalement élevées se sont poursuivies jusque mi-octobre. Finalement, «l’automne 2023 est le plus chaud jamais enregistré depuis 1900» dans le pays. «Voilà ce à quoi peut nous amener le réchauffement climatique : des extrêmes chauds de plus en plus tard dans la saison», martèle l’organisme de météorologie, qui assure que «2023 est hors norme».

Côté précipitations, «la pluviométrie est en moyenne proche de la normale», rapporte Météo France. Mais les variations et les contrastes géographiques ont été très forts entre le nord et le sud de la France, et entre les saisons. De fait, après un record de plus d’un mois sans véritables pluies cet hiver, les précipitations ont été très importantes à partir de mi-octobre avec 32 jours consécutifs de pluie. Du jamais vu depuis 1988. «Nous sommes sur un épisode de pluie jamais connu en automne», explique Virginie Schwarz. Les conséquences ont été catastrophiques dans la région des Hauts-de-France, dévastée par les inondations. «L’augmentation des contrastes hydrologiques, c’est ce que l’on retrouve dans les projections climatiques. Les précipitations intenses que l’on constate déjà aujourd’hui vont s’aggraver», tout comme les épisodes de sécheresse, martèle l’organisme de prévisions météo.

«En fin d‘année, les conditions d’humidité des sols sont revenues à la normale, voire ils sont un peu plus humides dans l’essentiel de la France», note aussi Météo France. Cependant, autour de l’arc méditerranéen et en particulier sur le Languedoc-Roussillon, la sécheresse persiste pour la deuxième année consécutive. Les nappes phréatiques, elles, sont en dessous de la normale. «Les chiffres datent du 1er novembre mais on peut espérer une probable amélioration au 1er décembre, car toutes les nappes ne sont pas réactives. Il y a un délai entre le moment où la pluie arrive et la recharge», précise le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu.

L’automne a aussi été agité par une succession de tempêtes précoces avec l’arrivée de Ciaran, Domingos et Frederico en quelques semaines. «Ciaran a été très intense, c’est même la tempête la plus sévère depuis 1987 en Bretagne où des records de vents ont été battus dans les Côtes-d’Armor et dans le Finistère.» Contrairement aux tempêtes de 1999 qui avaient balayé une large partie de la France, Ciaran n’a pas marqué le reste du territoire de manière aussi violente.