«Règles», «finance» et «ambition». Voilà les trois points sur lesquels devront se concentrer les pourparlers en cours à la COP26, qui a officiellement démarré lundi à Glasgow (Ecosse), selon Laurent Fabius. Pendant une journée, l’ex-Premier ministre et président de la COP21 en 2015, est allé à la rencontre de ses anciens «amis» au cœur du Scottish Event Campus, où se déroule le sommet sur le climat. Après s’être baladé, avoir serré beaucoup de mains et dispensé quelques conseils, le «père de l’Accord de Paris», comme le surnomment ici les négociateurs, a accordé quelques minutes à une dizaine de journalistes avant de s’en retourner en France par la voie des airs.
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La COP26, qui avait démarré sous de mauvais auspices, reprendrait en dynamique d’après Laurent Fabius. L’ambiance est, «moins pessimiste qu’il y a quelques jours. De nombreuses annonces ont été faites cette semaine [déforestation, énergies fossiles, charbon, ndlr] et la plupart des négociateurs souhaitent un accord. Mais cela ne veut pas dire que tous les problèmes sont sur le point d’être résolus».
Si l’atmosphère semble se réchauffer en intérieur, à l’extérieur le monde gronde et réclame toujours plus d’actions de la part des leaders. Ce vendredi, plus de 25 000 manifestants, menés par la jeune militante écologiste Greta Thunberg, ont dénoncé le «greenwashing» et le «manque d’action» des pays riches contre le changement climatique.
«Chaque décimale est importante»
Commencée le 1er novembre, la COP26 devra rendre sa copie le 12. Plus d’une centaine d’Etats ont donc sept petits jours pour se mettre d’accord sur trois sujets primordiaux, et qui, si résolus, signifieront la réussite de cette 26e conférence des Parties, poursuit l’ancien ministre français. Un «rulebook», règles de mise en œuvre de l’Accord de Paris, doit premièrement être finalisé. Et tout particulièrement l’article 6, estime-t-il, qui pose la structure de marchés de compensation carbone. En résumé, grâce à cet article, un pays pourrait acheter des réductions d’émissions à un autre pour tenir ses objectifs. «La COP21 est la base, la référence, la COP26 doit être celle de l’action, plaide Laurent Fabius. Je serais très déçu si nous ne parvenions pas à nous mettre d’accord là-dessus.»
Un autre objectif, tout aussi important, concerne la finance. Car pour lutter contre les dérèglements environnementaux, tout le monde n’est pas à égalité. Les pays pauvres ou en développement intiment désormais aux pays riches de respecter leurs engagements financiers. «Les pays riches ont promis en 2009, 100 milliards de dollars par an aux pays dans le besoin. Douze ans plus tard nous n’avons pas atteint ce chiffre, ce qui est très difficile à accepter», souligne Laurent Fabius. Il est absolument «crucial» de demander «un nouvel effort» de la part des puissances occidentales. Un effort qui doit aussi s’accompagner d’une grosse pincée «d’ambitions, ajoute Laurent Fabius. Le GIEC et différents scientifiques précisent que si nous continuons ainsi, […] nous atteindrons 2,7 degrés de réchauffement».
Mais le temps est-il toujours aux ambitions et aux échéances alors que l’humanité est au cœur d’une crise climatique qui s’accélère de jour en jour ? «La science dit que chaque décimale est importante. Il y a une grande différence entre 1,5 et 2 degrés. Si on est capable de se conformer aux deux degrés, ce sera un déjà un progrès. Essayons d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, d’être en phase avec Paris. Sinon les gens auront raison de dire que ce sont juste des paroles», a conclu l’ancien président de la COP21.