Lors de la COP28 à Dubaï, les pays du monde pourraient s’accorder sur une date de sortie du charbon. Ce serait déjà un grand pas dans la lutte dans le réchauffement climatique. Le charbon représente toujours un bon quart de l’énergie primaire dans le monde. A ce titre, la France fait figure d’exception avec son petit 2,5%. Le contre-exemple hexagonal donne une fausse idée de l’utilisation des différentes énergies dans le temps. Une idée selon laquelle l’histoire de l’humanité serait faite de nouvelle source d’énergie plus efficace venant remplacer les autres. Ce n’est pas le cas. Dans les faits, les différentes sources d’énergie s’accumulent.
C’est la thèse défendue par l’historien des sciences Jean-Baptiste Fressoz. «Des années 30 aux années 70, les experts ne parlent pas de transition : la consommation du charbon s’est ajoutée à celle du bois, et celle du pétrole s’est surajoutée», nous expliquait-il, en juillet 2022. Or, le charbon est une énergie plus sale que les autres. Selon les données du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), produire 1kWh d’électricité avec une centrale à charbon émet en moyenne 820 grammes d’équivalent CO2 contre 290 pour le gaz et 12 pour le nucléaire. Donc la part du charbon dans les émissions de gaz à effet de serre est énorme. Le charbon était responsable d’environ «44% des émissions de CO2 du secteur énergétique en 2019. Le pétrole représentait environ 34% et le gaz naturel représentait environ 22% des émissions de CO2 du secteur énergétique», soulignait le Giec dans son rapport de 2022. Selon les données du Global Carbon Project, en 2022, le charbon est toujours responsable de 40% des émissions de CO2, devant le pétrole (32%) et le gaz (21%).
La pollution par habitant générée par les centrales électriques au charbon continue même de croître dans les pays du G20, selon un rapport publié en septembre dernier par le groupe de réflexion dédié au climat et à l’énergie Ember. De 2015 à 2022, les émissions de carbone liées aux centrales à charbon ont augmenté de 9%. Dans le détail, tous les pays ne suivent pas la même dynamique. Douze membres du G20, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Etats-Unis, ont ainsi réussi à réduire considérablement leurs émissions par habitant. Mais d’autres, tels que l’Inde, l’Indonésie et la Chine, les ont vues grimper. «La Chine et l’Inde sont souvent accusées d’être les principaux pollueurs au charbon, décodait Dave Jones, analyste spécialiste du secteur de l’électricité chez Ember. Mais si l’on tient compte de la population, la Corée du Sud et l’Australie étaient encore les plus gros pollueurs en 2022.» Selon le Giec, les centrales électriques au charbon qui ne déploient pas de technologie permettant le captage du carbone doivent réduire leurs émissions de 70 à 90% d’ici à huit ans.