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Libération
Editorial

La BD «le Monde sans fin» de Jancovici et Blain : surfer sur le phénomène sans se laisser duper

Malgré les arguments pro-nucléaires de Jean-Marc Jancovici, le carton en librairie a le mérite de toucher une partie de l’opinion pas forcément sensible au sujet de l’épuisement des énergies fossiles.
(Christophe Blain/Dargaud)
publié le 13 janvier 2023 à 21h15

Un succès sans fin ? Sortie fin 2021, la bande dessinée le Monde sans fin est, avec plus de 500 000 exemplaires vendus, incontestablement un des phénomènes de librairie de l’année qui vient de s’achever. Voire le phénomène de l’année. Le livre n’est pas tombé du ciel mais s’est quand même invité par milliers au pied des sapins de Noël et du même coup dans les conversations de réveillon. Thème de l’ouvrage : le dérèglement climatique et les énergies qui nous permettront d’inverser la tendance sans (trop) remettre en cause nos modes de vie. Nul doute que l’été horribilis que nous avons connu l’an passé a contribué à sensibiliser les Français à l’urgence climatique et aux défis environnementaux. Et donc porté les chiffres de vente du Monde sans fin. De même, la guerre en Ukraine et les tensions qu’elle a provoquées sur le marché de l’énergie ont aussi servi les intérêts de l’ouvrage signé par le polytechnicien vulgarisateur scientifique Jean-Marc Jancovici et le dessinateur à succès Christophe Blain. Comment se plaindre qu’un ouvrage de cette nature atteigne de tels sommets ? Il faut plutôt se réjouir que la catastrophe climatique pénètre par son biais une partie de l’opinion jusqu’ici pas forcément sensible au sujet.

Faut-il pour autant boire le point de vue radicalement pronucléaire de Jancovici comme du petit-lait ? Non. Ce n’est d’ailleurs pas le cas. Le Monde sans fin suscite des critiques à la hauteur de son succès, en particulier sur la question des énergies renouvelables auxquelles ne croît pas «Janco». Contestables, ses arguments ont au moins de le mérite de dépasser les réflexions un peu courtes sur «ces éoliennes qui dénaturent nos paysages». Sans être dupe du parti pris nucléaire de l’auteur, le succès du Monde sans fin est d’abord une bonne nouvelle. Il faut surfer sur l’écho qu’il a dans l’opinion et s’en servir pour que résonnent davantage les débats écologiques, industriels, économiques et stratégiques autour des choix énergétiques qui sont devant nous.