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Climat

Le monde va faire face à un réchauffement de 2,5 °C à 2,9 °C d’ici 2100, alerte l’ONU avant la COP 28

Dans un rapport publié ce lundi 20 novembre, les Nations Unies pointent un décalage entre l’urgence climatique et les actions menées par les Etats. Le secrétaire général de l’ONU António Guterres appelle à arracher d’urgence «les racines empoisonnées de la crise climatique : les énergies fossiles».
Lors d'un incendie dans l'etat du Mato Grosso, au Brésil, le 16 novembre 2023. (Agencia Brasil /Reuters)
publié le 20 novembre 2023 à 20h07

«Les dirigeants doivent redoubler d’efforts de façon spectaculaire, avec des ambitions records, des actions records, et des réductions d’émissions records. Terminé le greenwashing. Fini de traîner les pieds», tance ce lundi 20 novembre le secrétaire général de l’ONU António Guterres. A quelques jours de la COP 28 à Dubaï, les Nations Unies souhaitent accentuer la pression sur les dirigeants du monde entier et appellent le G20 à faire preuve de plus d’ambition.

Les engagements climatiques pris par les différents pays placent en effet la planète sur une trajectoire de réchauffement allant de 2,5 °C à 2,9°C au cours de ce siècle, bien au-delà des limites fixées par la communauté internationale, selon la dernière mouture du rapport du Programme de l’ONU pour l’environnement (PNUE) consacré à l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions. A ce jour, aucun des pays du G20 ne réduit ses émissions à un rythme compatible avec ses objectifs de neutralité carbone, stipule le document qui, comme chaque année, est publié juste avant le sommet onusien mondial sur le climat.

«Quand on voit que le G20 est responsable de 76 % des émissions mondiales, on sait qui doit prendre la responsabilité fondamentale», fait remarquer la directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen, enjoignant ces grosses économies (Etats-Unis, UE, Chine, Arabie Saoudite…) à «aller de l’avant». Cette publication fait suite à un autre rapport de l’ONU, publié mi-novembre, qui concluait que les engagements actuels des pays mènent à 2 % de baisse des émissions entre 2019 et 2030, au lieu des 43 % préconisés pour limiter le réchauffement à 1,5°C.

«Echec de leadership»

Connu pour ses prises de paroles mordantes sur l’ampleur de la crise environnementale et ses conséquences, António Guterres a une nouvelle fois annoncé la couleur sans détour, appelant à des «mesures spectaculaires, maintenant». «Les énergies renouvelables n’ont jamais été aussi peu coûteuses et accessibles. Nous savons qu’il est encore possible de faire de la limite de 1,5 degré une réalité, a-t-il insisté. Cela nécessite d’arracher les racines empoisonnées de la crise climatique : les énergies fossiles.»

Le «canyon» existant à ses yeux entre les engagements des Etats et les actions nécessaires pour respecter les objectifs de l’accord de Paris constitue «un échec de leadership, une trahison de ceux qui sont vulnérables, et une immense occasion ratée». «Un canyon jonché de promesses non tenues, de vies brisées et de records battus», a précisé le secrétaire général de l’ONU, annonçant dans la foulée qu’il partait pour un voyage au Chili et en Antarctique afin de voir de ses «propres yeux l’impact mortel de la crise climatique».

Les niveaux de réchauffement sont aujourd’hui bien trop élevés pour espérer limiter les effets les plus cruels du changement climatique, qui se traduisent déjà par des feux incontrôlables, des inondations dévastatrices ou des sécheresses privant des populations de revenus et de nourriture, alors que la hausse actuelle de la température moyenne n’est «que» de 1,2°C. Les auteurs du rapport publié ce lundi s’inquiètent d’une «accélération» du nombre de records battus sur le front du climat. Il est déjà quasiment certain que l’année 2023 sera la plus chaude jamais enregistrée dans le monde, selon les données de l’observatoire européen Copernicus.

L’ONU reste «optimiste»

L’Organisation météorologique mondiale (OMM) vient également d’annoncer que les concentrations de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique, ont battu des records en 2022. Ces sombres perspectives illustrent le risque de dépasser très largement les objectifs de l’accord de Paris de 2015, qui ambitionne de limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale «bien en dessous de 2°C» et de poursuivre les efforts pour ne pas dépasser les 1,5°C. «Dans le scénario le plus optimiste, la probabilité de limiter le réchauffement à 1,5°C est de seulement 14 %», calcule le PNUE.

A l’approche de la COP 28, Inger Andersen se dit optimiste sur la capacité des pays à faire des progrès en dépit des fractures causées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la guerre Israël-Hamas : «Les pays et les délégations comprennent que, en dépit des divisions profondes qui existent et sont indéniables, l’environnement et le climat n’attendront pas. On ne peut pas appuyer sur pause.»