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Libération
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Le nord de la France au soleil, le sud en proie aux orages : qu’est-ce que le «marais barométrique» ?

Fréquent en saison chaude, ce phénomène météorologique, propice à la formation d’orages, touche actuellement le sud de la France.
Un ciel orageux. (Magali Cohen/Hans Lucas.AFP)
publié le 5 juin 2023 à 18h31

La France à l’envers ? Aucune goutte de pluie n’est tombée dans le nord du pays depuis la mi-mai. Mais dans le sud, les mois de sécheresse ont laissé place à de fortes précipitations, souvent orageuses. On a plutôt l’habitude de lire l’inverse. Pourtant, ce type de situation n’est pas inédite. On l’appelle le «marais barométrique». «Il a toujours existé, hiver comme été», rappelle à Libération Christelle Robert, prévisionniste chez Météo France. Cette année, il frappe par sa durée. Un record a été battu à Paris avec trois semaines sans pluie, à cheval entre mai et juin.

Instabilité née des différences de température de l’air

En réalité, ce phénomène touche uniquement le sud de la France. «On parle de marais barométrique lorsqu’il y a peu de pression sur une zone étendue», décrypte Christelle Robert. Or, dans le nord, «il y a du flux [l’écoulement de l’air], avec de hautes pressions venant des îles britanniques et du vent».

Ce qui favorise la formation des orages, ce sont les flux faibles et l’absence de vent, comme c’est le cas dans le sud. «L’air est froid en altitude et, dans les basses couches de l’atmosphère, il est chaud et humide. Cette différence génère de l’instabilité, et donc des orages», détaille la prévisionniste. Voilà pourquoi les orages ont tendance à survenir dans l’après-midi, car c’est à ce moment-là que les températures grimpent le plus.

Les montagnes jouent par ailleurs un rôle dans la création de cette instabilité. Le relief oblige la chaleur à s’élever verticalement, déclenchant ainsi des orages. «L’évolution diurne [la hausse progressive des températures au cours d’une journée, ndlr], c’est le carburant, et le relief, c’est le moteur», résume Christelle Robert.

Les «marais barométriques» sont connus des météorologistes. Le changement climatique n’a – pour l’instant – aucun lien avec son apparition. Christelle Robert ajoute : «Le seul lien potentiel, c’est qu’une atmosphère plus chaude peut contenir davantage de vapeur d’eau, et donc créer un potentiel “précipitable” plus important.» La hausse des températures pourrait donc rendre ces orages plus violents. «Les conclusions sont difficiles à tirer, mais on voit ces dernières années des situations avec de grosses quantités de pluies, des chutes de grêles», explique la prévisionniste.

«Dans le sud, le phénomène touche doucement à sa fin», anticipe Christelle Robert. D’ici jeudi, les orages devraient se cantonner aux massifs. La pluie pourrait bien retrouver le nord, et ainsi rétablir l’ordre des choses : du soleil dans le sud, de la grisaille dans le nord. La France à l’endroit.