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Bilan

Les Etats-Unis ont vu leurs émissions de gaz à effet de serre baisser de 1,9 % en 2023, loin des objectifs

L’un des plus gros pollueurs au monde réenclenche la baisse de ses émissions de gaz à effet de serre, a dévoilé un centre de recherche américain mercredi 10 janvier. Mais cette baisse doit plus que tripler si le pays veut tenir ses engagements.
La centrale à charbon de Clairton, Pennsylvanie, le 11 septembre 2023. (Thomas O'Neill/NurPhoto.AFP)
publié le 11 janvier 2024 à 13h37

Bien mais peux mieux faire. Les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis ont diminué de 1,9 % en 2023, selon un rapport publié mercredi 10 janvier par le centre de recherche Rhodium Group. Cette baisse doit tripler pour que la première économie mondiale puisse tenir ses objectifs climatiques de l’accord de Paris. Les Etats-Unis, deuxième plus gros émetteur mondial, se sont engagés à réduire de moitié leurs émissions d’ici 2030 par rapport à 2005.

Les chercheurs ont examiné les émissions induites par les transports, l’électricité, l’industrie et les bâtiments, mais n’ont pas inclus la pollution provenant de l’agriculture, qui représente environ 10 % des gaz à effet de serre du pays, rapporte le New York Times.

Dans l’ensemble, les émissions américaines ont tendance à baisser à mesure que les centrales électriques et les voitures deviennent plus propres. Pour accélérer, le Congrès a approuvé en 2022 un montant record pour les technologies à faibles émissions comme les panneaux solaires, les éoliennes, les réacteurs nucléaires, les véhicules électriques et les carburants à hydrogène. Dans le détail, la baisse est de 17,2 % depuis 2005, selon l’estimation du Rhodium Group. La diminution des émissions en 2023, par rapport à 2022, est notamment due à la baisse de la production électrique avec du charbon, à son plus bas niveau depuis un demi-siècle.

17 % de l’électricité produite au charbon

Malgré tout, les Etats-Unis produisent toujours 17 % de leur électricité avec cette source d’énergie, particulièrement néfaste pour le climat et la santé humaine. Dans le pays, la production d’électricité est progressivement remplacée par des centrales au gaz et les énergies renouvelables, mais les premières, également émettrices, progressent deux fois plus vite que les secondes.

Cette baisse au niveau national en 2023 coïncide avec une croissance économique de plus de 2 %, souligne le groupe de recherche - une hausse des émissions avait été observée ces deux dernières années dans un contexte de reprise économique post-Covid. «Une baisse des émissions sur l’ensemble de l’économie est un pas dans la bonne direction», relève le rapport, «mais la vitesse de cette baisse doit plus que tripler, et rester à ce niveau dès 2024 et jusqu’à 2030 pour tenir les objectifs climatiques des Etats-Unis en vertu de l’accord de Paris».

La date limite de 2030 «s’approche rapidement, et décrocher ces objectifs est un défi de plus en plus difficile à relever sans nouvelle décision politique importante», souligne encore le Rhodium Group. Selon le groupe de recherche, il est encore trop tôt pour tirer un bilan des grands plans d’investissement dans la transition énergétique du président Joe Biden.

Bien que les émissions liées à la production électrique soient en baisse, le secteur des transports, en tête en matière de gaz à effet de serre, émet toujours plus (+1,6 %). En cause notamment, la hausse du trafic aérien et une consommation d’essence qui continue de grimper. Tout comme les émissions du secteur industriel (+1,2 %), en partie à cause des fuites de méthane provenant des opérations de forage.

26 pays ont diminué leurs émissions

Les États-Unis sont l’un des 26 pays dans le monde qui ont vu leurs émissions diminuer ces dernières années. Une liste qui comprend le Brésil, la Grande-Bretagne, le Japon, une grande partie de l’Union européenne et l’Afrique du Sud. Mais à l’échelle mondiale, les émissions de CO2 ont encore atteint des niveaux records l’année dernière, en grande partie à cause de la hausse de l’utilisation des combustibles fossiles en Chine, en Inde et dans d’autres pays à croissance rapide.

Les Etats-Unis restent le deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre en valeur absolue, derrière la Chine. Mais puisque le réchauffement climatique est lié à une accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, il est intéressant de prendre en compte les émissions historiques, c’est-à-dire cumulées depuis 1850. Là, les Etats-Unis restent en tête du classement des mauvais élèves.