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Climat

Les gaz à effet de serre en baisse de 4,6 % lors des trois premiers trimestres de 2023 en France

Cette réduction des émissions en forme de bonne nouvelle de fin d’année est essentiellement due à des facteurs conjoncturels, notamment la crise énergétique. Le redémarrage progressif de plusieurs centrales nucléaires joue aussi un rôle prépondérant.
(Laure Boyer/Hans Lucas. AFP)
publié le 26 décembre 2023 à 12h59

Des progrès en attente de confirmation. En France, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 4,6 % durant les trois premiers trimestres 2023 (par rapport aux neuf premiers mois de 2022), selon les données publiées ce 26 décembre par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), l’organisme mandaté pour réaliser ces mesures sur le territoire. 2023 s’achemine ainsi vers une baisse annuelle bien plus marquée que celle observée en 2022, qui n’était que de 2,7 % par rapport à 2021. Baisse bien plus en adéquation, aussi, avec la trajectoire énoncée par l’exécutif pour atteindre son objectif à horizon 2030. A savoir une réduction de 55 % des émissions (par rapport à 1990), à raison d’une diminution annuelle d’environ 5 %.

La dynamique semble donc encourageante même s’il est trop tôt pour s’enthousiasmer outre mesure, les chiffres n’étant que provisoires, le dernier trimestre 2023 n’étant pas encore pris en compte, et surtout, les facteurs conjoncturels expliquant encore, en partie, l’amélioration en cours. De fait, les trois branches qui participent le plus à la diminution sont l’industrie (-9,3 %), l’énergie (-9,4 %) et les bâtiments (-7,5 %), tous reliés d’une manière ou d’une autre à la crise énergétique et les problématiques d’inflation que connaît la France.

Baisse des émissions de gaz à effet de serre du chauffage

«Les émissions de gaz à effet de serre du chauffage, eau chaude sanitaire et cuisson domestique» du secteur résidentiel ont diminué de 7,5 % entre les trois premiers trimestres 2022 et ceux de 2023, notamment en raison d’une réduction très importante de «la consommation du gaz naturel» (-8,9 %), d’après l’analyse du Citepa. «La baisse des émissions du chauffage a été très forte fin 2022, avec les effets de la hausse des prix de l’énergie», et ce même effet s’est «poursuivi» cette année 2023, renseigne précisément l’organisme. Le domaine industriel a également été «fortement impacté par la crise énergétique» ces derniers mois, menant à un recul de -18 % des émissions reliées à la métallurgie ferreuse sur la période étudiée.

S’agissant de l’énergie, deux phénomènes se superposent. Comme les autres secteurs, la baisse de production est inhérente à la hausse des prix et aux difficultés économiques. Mais le redémarrage progressif des centrales nucléaires, dont nombre étaient à l’arrêt pour maintenance ou problèmes de corrosion, joue aussi un rôle prépondérant. Entre les neuf premiers mois de 2022 et 2023, le Citepa a constaté une baisse des émissions du secteur de l’énergie de 18 %, qu’il attribue «à une augmentation de 11,4 % de la production d’électricité nucléaire et à une moindre production des centrales thermiques (-23 %)».

Si l’organisme n’a rien communiqué concernant l’agriculture, les déchets et les puits de carbone (forêts souvent fragilisées, cultures ou prairies), il existe déjà une grosse tache noire au tableau : les transports. Le baromètre 2023, sur les trois premiers trimestres, ne montre qu’une réduction de 2,7 % pour le domaine routier. Tandis que l’aérien, lui, est totalement hors des clous puisque ses émissions de gaz à effet de serre sont en augmentation, avec une hausse de «21 % des émissions des vols domestiques et de 27 % pour les vols internationaux».