Deux jours avant les élections fédérales allemandes, des milliers de défenseurs de l’environnement, menés par Greta Thunberg, ont réclamé ce vendredi des mesures plus fortes contre le dérèglement climatique aux candidats en lice pour les élections qualifiées de vote «du siècle» par les activistes. «Les partis politiques n’en font pas assez» pour le climat, a lancé la jeune militante suédoise à une foule de manifestants rassemblés devant le Bundestag de Berlin, où siègent les députés allemands.
Une «grève» dans plus de 70 pays
«Oui, nous devons voter et vous devez voter. Mais n’oubliez pas que le vote seul ne suffira pas, a poursuivi la jeune femme, acclamée par l’auditoire. Nous devons continuer à descendre dans la rue et à exiger de nos dirigeants qu’ils prennent des mesures concrètes en faveur du climat.» Son message s’adressait autant aux manifestants qu’aux candidats en lice pour remplacer Angela Merkel à la chancellerie, à l’issue d’un vote à suspense organisé ce dimanche, dont les jeux restent totalement ouverts.
Pour l’avenir de la planète, il s’agit du vote «du siècle», a affirmé Luisa Neubauer, responsable en Allemagne du mouvement Fridays for Future. Le mouvement, lancé en 2018 et devenu la tribune de la «génération climat», organise ce vendredi sa huitième «grève» dans plus de 70 pays, avec 470 mobilisations prévues en Allemagne. «La terre a la fièvre», «Il s’agit de notre avenir», «Vote», proclamaient les pancartes brandies à Berlin par une majorité de manifestants adolescents, mais également des familles venues avec de jeunes enfants.
Un scrutin serré
Dans la dernière ligne droite avant les législatives, les sondages prédisent un match serré entre les sociaux-démocrates en tête avec 25 % des intentions de vote et le camp conservateur (CDU /CSU), remonté à 23 % selon un dernier sondage Civey jeudi. Les Verts, à l’issue d’une campagne jugée décevante, obtiendraient quant à eux 15 % des intentions de vote en s’adjugeant la troisième place, devant le parti libéral (12 %). Leur candidate, Annalena Baerbock, s’est jointe ce vendredi à la manifestation pour le climat organisée à Cologne avant de boucler sa campagne non loin de là, à Düsseldorf.
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A quarante-huit heures d’un vote dont les résultats seront scrutés dans toute l’Europe, le candidat des conservateurs, Armin Laschet, est attendu à Munich au côté d’Angela Merkel. Après s’être tenue en retrait de la campagne, la dirigeante, qui quittera l’arène politique après seize ans de pouvoir, ne ménage plus ses efforts pour soutenir le chef de son parti, fragilisé par son manque de popularité et ses faux pas. Elle sera encore à ses côtés samedi pour un tout dernier rassemblement dans le fief d’Armin Laschet, à Aix-la-Chapelle.
Prétendant sérieux à la chancellerie, le social-démocrate Olaf Scholz, ministre des Finances et vice-chancelier du gouvernement sortant, doit s’exprimer ce vendredi à Cologne avant un ultime déplacement, samedi, dans la circonscription de Potsdam où il brigue un mandat de député.
Défi majeur
Dans leurs programmes électoraux, les trois principaux candidats ont fait de la protection de l’environnement l’une de leurs priorités pour les quatre prochaines années, s’engageant à agir pour limiter le réchauffement climatique mondial à 1,5°C. Pendant la campagne électorale, à la mi-juillet, l’Allemagne a été frappée par des inondations meurtrières, qui ont fait plus de 180 morts dans l’ouest du pays et sont directement liées au changement climatique, selon les experts.
L’objectif de neutralité climatique fait consensus entre les partis allemands, tout comme le développement des énergies renouvelables. Mais les délais et moyens pour y parvenir font débat, entre la gauche favorable à une large intervention de l’Etat et la droite qui mise sur le secteur privé.