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COP16

Les sécheresses devraient toucher 75 % de la population mondiale d’ici 2050, alerte l’ONU

Leur coût s’élève à près de 300 milliards d’euros par an, au niveau mondial, annonce un rapport publié ce mardi 3 décembre. Présenté au deuxième jour de la COP16 sur la désertification, il appelle à des investissements urgents dans des solutions fondées sur la nature, comme la reforestation.
Des bateaux échoués sur le fleuve Solimoes, l'un des plus grands affluents de l'Amazone, pendant la sécheresse la plus intense et la plus étendue que le Brésil ait connue, près de Manacapuru, dans l'Etat d'Amazonas le 30 septembre. (Bruno Kelly/REUTERS)
publié le 3 décembre 2024 à 17h39

Les sécheresses n’épargneront quasi personne. Alimentées par le changement climatique et une gestion insoutenable des ressources en eau et des sols, elles devraient toucher 75 % de la population mondiale d’ici 2050, avertit un rapport de l’ONU publié ce mardi, intitulé «Economie de la sécheresse : investir dans des solutions fondées sur la nature pour la résilience face aux sécheresses».

Le rapport souligne comment ces solutions fondées sur la nature, comme la «reforestation» ou la «gestion des pâturages», peuvent à la fois permettre de réduire les pertes et augmenter les revenus agricoles tout en offrant des avantages climatiques et environnementaux. Une étude de 2020 parue dans la revue scientifique Global Change Biology concluait que «les interventions fondées sur la nature se révèlent le plus souvent aussi efficaces, voire plus efficaces» dans 59 % des cas, «que d’autres interventions pour lutter contre les effets du changement climatique».

Coûts évitables

L’année 2024, qui sera très certainement la plus chaude jamais enregistrée sur Terre, a été marquée par plusieurs sécheresses dévastatrices en Méditerranée, en Equateur, au Brésil, au Maroc, en Namibie, au Malawi, provoquant incendies, pénuries d’eau et de nourriture. Leur coût «dépasse les pertes agricoles immédiates, il affecte l’ensemble des chaînes d’approvisionnement, réduit le Produit intérieur brut, impacte les moyens de subsistance et entraîne des problèmes à long terme tels que la faim, le chômage, la migration», souligne Kaveh Madani, coauteur du texte et directeur de l’Institut universitaire des Nations unies pour l’eau, l’environnement et la santé.

Chaque année, les sécheresses touchent directement 55 millions de personnes et constituent «l’un des risques les plus coûteux et les plus meurtriers au niveau mondial», avait alerté lundi 1er décembre l’Atlas mondial des sécheresses, publié par la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification en partenariat avec le centre de recherche scientifique de la Commission européenne. En comptant leurs effets indirects, à l’ampleur «parfois difficile à estimer et prévoir», les sécheresses ont affecté 1,84 milliard de personnes en 2022 et 2023, dont environ 85 % vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.

«Gérer nos terres et nos ressources en eau de manière durable est essentiel pour stimuler la croissance économique et renforcer la résilience des communautés enfermées dans des cycles de sécheresse», affirme Andrea Meza, secrétaire exécutive adjointe de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Son institution organise la COP16 qui a lieu cette semaine à Ryad, en Arabie saoudite. «Alors que des discussions pour une décision historique sur la sécheresse sont en cours, le rapport appelle les dirigeants mondiaux à reconnaître les coûts excessifs et évitables des sécheresses, et à utiliser des solutions proactives et fondées sur la nature pour sécuriser le développement humain dans les limites planétaires», ajoute Andrea Meza. Le sommet doit se terminer le 13 décembre.