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Sobriété

Les SUV électriques risquent de créer des pénuries de métaux critiques, alerte le WWF

A l'heure de la transition écologiquedossier
Il faut réduire de toute urgence la taille des voitures électriques sans quoi la France pourrait se retrouver en pénurie de métaux critiques, indique ce jeudi 9 novembre une étude de l’ONG, qui réclame l’instauration d’un malus lié au poids.
Nicolas Monnot, responsable de la tarification de la marque Citroën, à Meudon (Hauts-de-Seine) le 17 octobre 2023. (Abdul Saboor/REUTERS)
publié le 9 novembre 2023 à 15h51

Plus c’est gros, plus c’est problématique. Le constat, valable pour les voitures thermiques, l’est aussi pour les électriques. Ce jeudi 9 novembre, une étude de l’ONG WWF-France alerte : la multiplication des SUV électriques risque de créer des pénuries de «métaux critiques». «La transition écologique a besoin du véhicule électrique, mais le problème, c’est sa taille», explique Jean Burkard, directeur du plaidoyer chez WWF France, soulignant que les SUV constituent désormais 41 % des ventes de ces véhicules. Les Tesla Model Y, Volkswagen ID.4 et Audi Q4 e-tron sont parmi les plus prisés en Europe.

Le problème ? «Un gros SUV électrique consomme trois fois plus de cuivre et d’aluminium et cinq fois plus de lithium, de nickel, de cobalt, de manganèse et de graphite qu’une petite citadine [électrique]», révèle l’étude, alors que ces métaux sont jugés «critiques» car indispensables à toute la transition énergétique mais existant en quantité limitée. La demande en métaux rares pourrait ainsi être multipliée par 30 en vingt ans. Puisqu’ils sont très peu produits en France, cela pose des «risques géostratégiques» selon Jean Burkard, et signifie qu’en cas de pénurie, «on va devoir choisir entre avoir des véhicules électriques, des éoliennes ou des réseaux électriques».

Trois scénarios «réalistes»

Dans son étude, WWF étudie trois scénarios «réalistes» et leurs conséquences : celui du «laisser-aller», celui «intermédiaire» et celui de la «sobriété», ce dernier déployant des politiques plus volontaristes pour réduire notamment la taille des véhicules. Le résultat est sans appel : «Si on n’adopte pas le scénario de sobriété», la demande de la France en métaux critiques sera entre 5 et 15 % trop importante «par rapport à son poids économique», détaille Jean Burkard.

En revanche, dans le scénario de sobriété, la demande serait «inférieure de 25 %» au poids économique du pays, ouvrant même la voie à l’exportation du lithium – métal précieux dont le cours a flambé, passant de 13 000 à 70 000 euros la tonne entre 2020 et 2021 –, «un atout important pour la balance commerciale» française, pointe-t-il.

Pour diminuer la taille des véhicules électriques, WWF, à l’instar d’autres associations écologistes, appelle le gouvernement à instaurer «un malus poids spécifique» et, en miroir, «à réserver le bonus écologique aux [seules] voitures électriques pesant moins de 1,6 tonne», contre 2,4 actuellement. L’association préconise aussi d’«exiger des constructeurs automobiles la publication annuelle du poids moyen des voitures électriques immatriculées» et de créer «une pénalité européenne de 5 euros par kilogramme» dès que le seuil de 1,6 tonne est dépassé.