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Libération
Aberration environnementale

Les SUV ont émis 30 fois plus de CO2 que la pollution évitée par les voitures électriques l’an dernier, selon Greenpeace

La flambée des ventes de ces monstres d’acier Hyundai-Kia, Volkswagen et Toyota annihile les gains climatiques provenant des véhicules électriques de ces mêmes entreprises, dénonce l’organisation environnementale ce mercredi 29 novembre.
L’usage des SUV des trois marques concernées a produit 298 millions de tonnes en 2022, selon les calculs de Greenpeace, contre 9 millions de tonnes évitées par l’utilisation de leurs véhicules électriques. (Belkaious/Alpaca.Andia)
publié le 29 novembre 2023 à 12h59

Aussi imposants que polluants. Les ventes importantes des «sport utility vehicles» (SUV) thermiques par Hyundai-Kia, Volkswagen et Toyota annulent les gains climatiques provenant des véhicules électriques de ces constructeurs, dénonce un rapport de l’organisation environnementale paru ce mercredi 29 novembre. «Les plus grands constructeurs automobiles mondiaux se lancent à corps perdu dans la fabrication de SUV, poussant encore davantage la planète vers la catastrophe climatique», alerte Erin Choi, responsable de la campagne sur l’énergie et le climat pour Greenpeace Asie.

Les émissions de CO2 provenant de l’usage des SUV du sud-coréen Hyundai-Kia, de l’allemand Volkswagen et du japonais Toyota ont totalisé 298 millions de tonnes en 2022, selon les calculs de Greenpeace. Dans le même temps, les émissions de CO2 évitées par l’utilisation de véhicules électriques de ces mêmes constructeurs ont totalisé seulement 9 millions de tonnes. Le calcul est simple : 289 millions de tonnes de dioxyde de carbone seraient donc libérées dans l’atmosphère. Soit un rapport de 1 à 30, montrant la faible compensation permise par l’électrique.

L’étude précise toutefois qu’elle ne prend pas en compte l’ensemble du cycle de vie des véhicules dans ses calculs. Les émissions de CO2 générées par les phases de fabrication et de production des voitures électriques - comme l’extraction des métaux rares, la production de la batterie ou encore leur recyclage - sont ainsi exclues des données fournies par Greenpeace. Mais dans la plupart des cas, un véhicule électrique génère globalement moins d’émissions qu’un véhicule thermique sur l’ensemble du cycle de vie, note l‘organisation de défense de l’environnement. Et les émissions sur route seraient à elles seules responsables «de 70 à 80 %» du total, notamment en raison des particules relâchées par le freinage de ces mastodontes d’acier.

A la veille de l’ouverture de la COP28, grande messe du climat, l’organisation rappelle la forte augmentation de la part des SUV dans le total des ventes des principaux constructeurs mondiaux entre 2013 et 2022. Leur nombre en circulation dans le monde est passé de moins de 50 millions d’exemplaires en 2010 à 330 millions en 2022, «soit 1,3 fois le nombre total de véhicules immatriculés dans l’Union européenne».

L’ensemble de ces SUV ont émis en 2021 plus de 900 millions de tonnes de CO2 sur la route. Si cette flotte automobile représentait un pays, elle se classerait au sixième rang des pays les plus pollueurs au monde. Derrière la Chine, les Etats-Unis ou encore l’Inde, mais devant l’Allemagne et l’Arabie saoudite.

Moins de SUV et plus électrifiés

«Il est temps pour l’industrie automobile d’arrêter le greenwashing», plaide Erin Choi. La responsable de Greenpeace désapprouve également la tendance grandissante des SUV électriques, des modèles à empreinte carbone plus élevée que les autres voitures électriques en raison de leur besoin important en acier.

Selon elle, les constructeurs automobiles visés par le rapport «doivent réduire la taille de leurs flottes de SUV en même temps qu’ils électrifient» leurs ventes. Un en même temps écologique indispensable, alors que les émissions mondiales de CO2 ont atteint un nouveau record en 2022.