Menu
Libération
Attention, fragile

Maisons fissurées : le phénomène en débat au Sénat ce jeudi s’étend au Nord et à l’Est de la France

Un rapport de l’association Conséquences, publié jeudi 23 mai, compile de nombreuses données publiques et en déduit que 16 millions d’habitations seront exposées à ce phénomène lié au changement climatique en 2050, et pas seulement dans les régions les plus sèches.
Les régions qui connaissent des épisodes de sécheresses réguliers sont coutumières des maisons fissurées. (Manon Chemineau/Hans Lucas.AFP)
publié le 23 mai 2024 à 16h43
(mis à jour le 30 mai 2024 à 9h04)

«C’est un phénomène assez insidieux et sournois», décrit Sylvain Trottier, directeur de l’association Conséquences, qui a publié jeudi 23 mai un rapport consacré au phénomène des «maisons fissurées». Du jour au lendemain, des milliers de Français constatent d’imposantes entailles sur les murs de leur domicile, et le nombre de personnes concernées devrait augmenter avec les années. D’après les données compilées par l’association, 16 millions de maisons seront exposées en 2050 au risque de retrait-gonflement d’argile (RGA), le phénomène le plus souvent à l’origine de ces fissures. Une proposition de loi portée par Sandrine Rousseau (Les Verts) pour accompagner les sinistrés, votée en avril 2023 à l’unanimité à l’Assemblée nationale, est débattue ce jeudi 30 mai au Sénat à l’occasion de la niche écologiste.

Les maisons «cassent»

Concrètement, si certaines maisons «cassent», c’est parce que le sol argileux sur lequel elles ont été bâties bouge. En hiver, l’humidité des sols gonfle l’argile, qui se «rétracte» lors des épisodes de sécheresses. «Ce mouvement hiver /été, répété sur plusieurs années, finit par craqueler l’argile, et s’il se trouve sous votre maison, cela fait bouger toute la structure», développe Sylvain Trottier, qui rappelle que les logements les plus fragiles et vulnérables à ce phénomène sont les maisons individuelles, types pavillonnaires.

S’il reste méconnu d’un grand nombre de Français, c’est parce que le retrait-gonflement d’argile (RGA) ne concernait qu’une partie de l’Hexagone jusqu’à il y a peu. «Le phénomène est très marqué depuis les années 1980-1990 dans le Sud-Ouest, typiquement en Nouvelle-Aquitaine mais aussi en Occitanie, en Provence-Alpes-Côte d’Azur…», énumère le directeur. Ces régions, qui connaissent des épisodes de sécheresses réguliers, sont coutumières des maisons fissurées. «Mais des régions, notamment dans le Nord et dans l’Est, ont vu ce phénomène exploser dans les années 2010.» Entre la période 1989-2005 et 2006-2022, le Grand Est a connu une augmentation de + 564 % de la reconnaissance catastrophe naturelle pour un RGA. Aujourd’hui, seules la Bretagne et la Normandie restent relativement épargnées par le phénomène.

Une conséquence directe du réchauffement climatique, qui extrémise les phénomènes météorologiques et climatiques. D’après Sylvain Trottier, «l’extension du RGA dans toute la France est liée à la variation extrême d’humidité des sols, que l’on connaît maintenant tous les ans». Aujourd’hui, plus de 20 millions de Français sont exposés à ce risque, avec les retombées économiques que cela engendre. «Les travaux et les coûts de réparation sont faramineux, atteste-t-il. Cela peut valoir plus que le prix de la maison».

Mise à jour : le 30 mai avec le débat au Sénat d’une proposition de loi pour mieux indemniser les victimes.