Une première réjouissante en ces temps de backlash écologique sur le continent. L’énergie solaire a constitué en juin la source principale d’électricité dans l’Union européenne, pour la toute première fois durant un mois. Le photovoltaïque a assuré 22,1 % de la production (une hausse de 22 % par rapport à juin 2024), juste devant le nucléaire (21,8 %) et l’éolien (15,8 %), selon un rapport d’Ember, centre de réflexion sur l’énergie basé au Royaume-Uni. Arrivent ensuite le gaz (14,4 % du total) puis l’hydroélectricité (12,8 %), ajoute l’analyse.
Selon ce bilan, au moins treize pays membres ont battu leur propre record en termes de production photovoltaïque, du fait du déploiement continu des panneaux solaires ainsi que du fort ensoleillement constaté ce printemps sur le continent. La France fait partie de ces pionniers, avec quelque 10 % d’électricité d’origine photovoltaïque. En Grèce, le taux avoisine les 40 %.
«Les volumes les plus élevés jamais enregistrés pour ces mois»
L’énergie éolienne a aussi battu des records, avec 15,8 % de la production électrique en juin, «soit les volumes les plus élevés jamais enregistrés pour ces mois», d’après Ember. Le début d’année avait été difficile du fait des conditions de vent moins favorables.
En conséquence, les centrales électriques au charbon n’ont jamais produit une part d’électricité aussi réduite en Europe, à 6,1 %, assure Ember : les grands pays du charbon, l’Allemagne et la Pologne, sont respectivement tombés en juin à 12,4 % et 42,9 % d’électricité issue de cette énergie fossile.
Ces chiffres contredisent les récents propos de Bruno Retailleau dans une tribune publiée début juillet dans le Figaro. Le ministre de l’Intérieur y appelait à «stopper le financement des renouvelables», coupables selon lui de ne pas suffisamment apporter au mix énergétique français. Cette prise de position lui avait valu un recadrage d’Emmanuel Macron, invitant les ministres à se mêler des «affaires pour lesquelles ils sont nommés». Et de la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, avait dénoncé «une vue de l’esprit et une position frontalement opposée à la ligne du gouvernement».
Marc Ferracci n’attendra pas la fin des débats parlementaires
Fin juin, l’Assemblée nationale avait adopté un moratoire sur le développement des énergies renouvelables. Lors de l’examen de la proposition de loi «Gremillet», le député LR Jérôme Nury avait déposé un amendement, soutenu par le RN, actant la suspension de tout nouveau projet éolien ou photovoltaïque. L’amendement avait été adopté de justesse mais la loi finalement rejetée par la gauche et la macronie.
Interview
Le Sénat a de son côté adopté la loi, délestée de ce moratoire, en deuxième lecture ce 8 juillet. Le texte devrait de nouveau être examiné à l’Assemblée nationale à la rentrée. Mais le ministre de l’Industrie et de l’Energie, Marc Ferracci, a prévenu : il n’attendra pas la fin des débats parlementaires pour publier le décret de la troisième programmation pluriannuelle de l’énergie.
Un recours au gaz accru
Malgré les chiffres encourageants pour le renouvelable, et alors que la demande électrique globale croît, les énergies fossiles – charbon et gaz surtout – ne reculent pas : elles ont généré in fine 23,6 % du courant en Europe en juin 2025 – contre 22,9 % en mai 2024.
Le 1er semestre a vu un recours au gaz accru par rapport au 1er semestre 2024, du fait notamment d’une moindre disponibilité de l’hydroélectricité, explique encore Ember. La transition avance, mais, malgré la bonne nouvelle de juin, le chemin vers l’objectif européen de 42,5 % d’énergies renouvelables dans la consommation totale d’ici 2030 est encore long.