Menu
Libération
Sécheresse

Nappes phréatiques : des niveaux en légère dégradation mais encore «satisfaisants» sauf dans les Pyrénées-Orientales

L'eau, une ressource essentielle et menacéedossier
Dans son bulletin mensuel publié ce mardi 13 février, le Bureau de recherches géologiques et minières explique que 46% des réserves souterraines affichent un niveau au-dessus des normales, un chiffre en recul. La situation reste préoccupante dans le couloir rhodanien et sur le pourtour méditerranéen.
De la terre craquelée sur le site de pêche et de randonnée des lacs de Millas (Pyrénées-Orientales), dans le sud de la France, le 16 janvier. (Jc Milhet/Hans Lucas.AFP)
publié le 13 février 2024 à 17h36

Le manque de pluie durant le dernier mois se fait ressentir dans les nappes phréatiques. «L’absence de précipitations suffisantes en janvier a eu pour conséquence une dégradation des niveaux», note ce mardi 13 janvier le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) dans son bulletin mensuel. Depuis le début de l’hiver, une grande partie des ressources souterraines du pays avait pu se recharger, jusqu’à atteindre par endroits un niveau «très haut». «Les tendances se sont inversées courant janvier et les niveaux sont à la baisse sur de nombreuses nappes», poursuit le BRGM. Résultat : début février, «la situation reste généralement satisfaisante» en métropole mais seulement 46% des points d’observation se trouvent au-dessus des normales mensuelles, contre 56% un mois plus tôt.

Toute la Bretagne, le Poitou, la Nouvelle-Aquitaine et le quart nord du pays affichent des teintes de bleus signifiant que le niveau des nappes est supérieur aux normales.

Le manque de précipitations a un effet plus aggravant sur les nappes qui ne s’étaient pas ou peu rechargées, notamment sur le pourtour méditerranéen et le couloir rhodanien. «Localement, certains secteurs présentent des niveaux peu favorables : l’est des Bouches-du-Rhône, les plaines du Var, le littoral des Alpes-Maritimes, le Languedoc et l’est de la Corse, indique le BRGM. Les niveaux demeurent très préoccupants sur les nappes des calcaires du massif des Corbières et de la plaine du Roussillon.» Ces dernières traversent les Pyrénées-Orientales et leur situation «extrêmement dégradée» est la «conséquence de déficits pluviométriques depuis plus d’un an», précise le BRGM.

«Niveaux historiquement bas» dans les Pyrénées-Orientales

Dans ce département en proie à une sécheresse depuis trois ans, les ressources souterraines sont actuellement encore plus amoindries qu’au début février 2023. Certaines nappes affichent «des niveaux en baisse continue depuis mai 2022 et atteignent des niveaux historiquement bas». Les déficits d’eau s’accumulent, faute de pluies hivernales. Cette saison est pourtant la période où les nappes se rechargent d’ordinaire, ces stocks servent ensuite à alimenter les rivières et les activités humaines (eau potable, agriculture, industrie…) pendant le reste de l’année. Ce mardi matin, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, s’est ému au micro de France Info d’une situation «très préoccupante» dans les Pyrénées-Orientales. «On est à 90% de déficit sur l’humidité des sols», a-t-il ajouté.

Début févier, les restrictions d’eau dans le département ont encore été prolongées jusqu’au 5 avril. La majeure partie du territoire est classée en situation de crise sécheresse, le plus haut niveau d’alerte. L’arrêté préfectoral fait état de cinq communes «en rupture totale ou partielle d’alimentation en eau potable» et de 42 communes avec des «tensions fortes». Une première aussi tôt dans l’année.

Les perspectives pour le reste de l’année sont inquiétantes. Selon le BRGM, «il semble difficilement envisageable de reconstituer durablement les réserves des nappes du Roussillon et d’observer des niveaux au-dessus des normales d’ici le printemps 2024». Ce qui signifie que les Pyrénées-Orientales vont devoir affronter l’été avec des ressources une fois de plus très basses.