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Greenwashing

Neutralité carbone : les objectifs des grandes entreprises sont «peu crédibles»

Parmi les 2 000 plus grandes sociétés cotées au monde, plus d’un millier s’est fixé comme objectif d’atteindre zéro émission nette d’ici le milieu du siècle. Mais seule une fraction d’entre elles respecte les directives de l’ONU, selon un rapport publié ce lundi.
La centrale électrique de Petersburg (Indiana), aux Etats-Unis. (Joshua A. Bickel/AP)
publié le 6 novembre 2023 à 14h56

Dans la lutte contre le changement climatique, les engagements à la neutralité carbone des entreprises se multiplient. Mais gare au greenwashing. En théorie, la neutralité carbone vise à faire baisser au maximum ses émissions et à compenser ce qu’il reste grâce à l’absorption de CO2 par le soutien aux puits de carbone (forêts, prairies…). Ce lundi, une étude de Net Zero Tracker, un consortium d’analyse de données indépendant comprenant notamment l’université d’Oxford, affirme que le nombre d’engagements climatiques pris par les 2 000 plus grandes sociétés cotées au monde (l’indice Forbes 2 000) a bondi de 40 % pour atteindre 1 003 en octobre 2023, contre 702 en juin 2022.

Cependant, seulement 4 % de ces objectifs répondent aux critères fixés par l’ONU. Ces derniers réclament une prise en compte de toutes les émissions, leur réduction immédiate et une mise à jour annuelle des progrès sur les objectifs intermédiaires et de plus long terme.

Dépendance à la compensation carbone

Parmi les entreprises qui se sont fixé un objectif, seulement 37 % en présentaient un qui couvrait aussi leurs émissions indirectes (extraction de matériaux achetés par l’entreprise, transport des salariés et des clients venant acheter le produit ou service de l’entreprise). Le rapport note aussi que les règles mises en place pour atteindre la neutralité carbone ne sont pas assez restrictives et pointe le risque de «dépendance excessive à l’égard de crédits de compensation carbone de mauvaise qualité plutôt que de réductions d’émissions». La compensation carbone en elle-même est un mécanisme très contesté.

Le rythme des transformations parmi les gouvernements et les entreprises devrait constituer un élément central des négociations sur le climat de la COP28 qui débutera fin novembre à Dubaï. Outre les entreprises, le Net Zero Tracker suit les engagements pris par les Etats, les régions et les villes à l’aide.

«Les innombrables objectifs de zéro émission nette sont peu crédibles, mais nous pouvons désormais affirmer avec certitude que la plupart des plus grandes sociétés cotées au monde sont du bon côté de la barrière en matière d’intention de zéro émission nette», un responsable du projet Net Zero Tracker. Et d’ajouter : «Avec un objectif crédible de zéro émission nette fixant un indicateur pour les entreprises avant-gardistes et à l’épreuve du temps, cela soulève une question simple : les entreprises dans lesquelles nous investissons, pour lesquelles nous travaillons et auprès desquelles nous achetons sont-elles du bon ou du mauvais côté de la barrière ?»