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Reportage

Nouvelle-Calédonie : à Ouvéa, les habitants imaginent un barrage contre le Pacifique

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L’atoll symbole de la lutte indépendantiste des années 80 est menacé par la montée des eaux. Pose de pieux, enrochement de la route, réflexion pour préparer le déplacement des habitants, la commune recherche des solutions pour se protéger.
Les services provinciaux ont installé, avec l'aide des habitants, des poteaux dans le cadre d'une expérimentation scientifique pour conserver les bancs de sable sur la plage de Saint-Joseph, dans le nord d'Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, vendredi 27 septembre 2024. (Théo Rouby/Hans Lucas pour Libération)
par Maïté Darnault, envoyée spéciale à Ouvéa (Nouvelle-Calédonie), photos Théo Rouby
publié le 3 janvier 2025 à 8h31

Les vénérables silhouettes des pins colonnaires veillent l’eau translucide, que le soleil montant pare de reflets opalescents. Face au lagon, la courte bande de plage blanche, frangée d’arbustes et de cocotiers, s’étire au pied de l’imposante église bâtie par les prêtres missionnaires en 1912. Combien de temps faudra-t-il avant que l’océan ne vienne lécher son parvis ? «Quand j’étais enfant, le sable avançait de 50 mètres sur la mer», se souvient Claude Attawa, secrétaire général adjoint de la municipalité. Le quadragénaire désigne un palmier incliné, «encore droit sur la plage en 2020». Il ploie désormais sous l’effet de la sécheresse et de la montée des eaux, qui ont attaqué ses racines. Saint-Joseph est l’un des cinq districts d’Ouvéa, l’une des trois îles Loyauté situées à l’est de la Grande Terre de la Nouvelle-Calédonie.

Classé au patrimoine de l’Unesco, l’atoll de 132 km², parmi les plus grands du Pacifique, est un village : 3 400 habitants, pour vingt tribus. Une commune émiettée au bout du monde, dont le nom a pourtant scellé un pan de l’histoire de la Ve République. Symbole de la lutte indépendantiste des années 80 – dont l’acmé fut ici la prise en otage de