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Climat

Ouragan Hélène : le réchauffement rend ce genre d’événements 2,5 fois plus probables

Une étude publiée ce mercredi 9 octobre montre que le changement climatique a exacerbé les pluies et vents de l’ouragan Hélène qui a frappé les Etats-Unis à partir du 26 septembre.
A Charlotte (Caroline du Nord) après le passage de l'ouragan Hélène, le vendredi 27 septembre. (Melissa Melvin-Rodriguez/AP)
publié le 9 octobre 2024 à 15h36

Au moment où la Floride se prépare à l’arrivée d’un nouvel ouragan majeur, Milton, l’étude d’un réseau scientifique de référence, publiée ce mercredi 9 octobre, montre que les pluies et vents de l’ouragan Hélène, qui a ravagé le sud-est des Etats-Unis fin septembre et fait plus de 230 morts, ont été rendus environ 10 % plus intenses par le changement climatique. Même si ce chiffre «peut paraître relativement bas, il est très important de souligner […] qu’un petit changement en termes de danger peut vraiment conduire à un gros changement en termes d’impact et de dégâts», souligne Friederike Otto, à la tête du réseau World Weather Attribution, qui évalue régulièrement le lien entre des événements météorologiques extrêmes dans le monde et le dérèglement climatique. Les conclusions de ce travail suggèrent également que le réchauffement a rendu des ouragans comme Hélène 2,5 fois plus probables dans cette région. Autrement dit, au lieu d’être attendus tous les cent trente ans, ils sont désormais susceptibles de se produire tous les cinquante-trois ans en moyenne.

Pluie, vent, température de l’eau

Hélène a touché la Floride le 26 septembre avec des vents soufflant à 225 km/h. L’ouragan a ensuite progressé vers le nord-ouest, déclenchant des pluies torrentielles à l’intérieur des terres dans plusieurs Etats, notamment en Caroline du Nord où il a fait le plus de victimes. Hélène «était puissant» et se «déplaçait vite […] donc il a pu s’enfoncer rapidement dans les terres», commente la météorologue Bernadette Woods Placky, de l’ONG Climate Central.

Pour étudier Hélène, les scientifiques se sont concentrés sur trois aspects distincts : les précipitations, les vents et la température de l’eau dans le golfe du Mexique. «Tous les aspects de cet événement ont été amplifiés par le changement climatique à des degrés divers, précise Ben Clarke, coauteur de l’étude et chercheur à l’Imperial College de Londres. Et nous assisterons à d’autres phénomènes de ce type à mesure que la planète continuera à se réchauffer.»

Pour les pluies, les chercheurs ont utilisé une approche s’appuyant à la fois sur des observations et des modèles climatiques, en différenciant deux régions : les montagnes des Appalaches dans les terres et les zones côtières, notamment en Floride. Dans les deux cas, selon l’étude, les précipitations ont été accrues de 10 % à cause du réchauffement climatique, qui s’élève déjà à 1,3°C par rapport à l’ère préindustrielle. Pour les vents, particulièrement difficiles à étudier pour des événements si brefs, les données concernant les ouragans depuis 1900 ont été utilisées. Résultat : les vents liés à Hélène étaient 11 % plus forts – soit de 21 km/h – à cause du changement climatique, conclut l’étude.

Enfin, les experts se sont penchés sur la température de l’eau dans le golfe du Mexique, lieu de formation de l’ouragan, qui était d’environ 2°C au-dessus de la normale. Cette température record a été rendue 200 à 500 fois plus probable par le changement climatique, selon eux. Or des océans plus chauds libèrent davantage de vapeur d’eau, ce qui fournit de l’énergie supplémentaire aux tempêtes. «Si les humains continuent à brûler des combustibles fossiles, les Etats-Unis seront confrontés à des ouragans encore plus destructeurs», avertit Ben Clarke.