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Energies fossiles

Paris : la BNP Paribas repeinte en noir pour dénoncer le méga projet de pipeline de Total en Afrique

Extinction Rebellion et d’autres collectifs ont mené une action de désobéissance civile ce vendredi devant la BNP Paribas. Ils s’attaquent aux financeurs de TotalEnergies pour obtenir l’abandon de son projet en Tanzanie et en Ouganda.
Extinction Rebellion et d'autres collectifs ont mené une action ce vendredi matin devant la BNP à Paris pour dénoncer son financement de TotalEnergies et du projet de pipeline Eacop en Afrique. (Twitter @xrFrance)
publié le 20 janvier 2023 à 12h30
(mis à jour le 20 janvier 2023 à 12h55)

Une façade repeinte en noir, de faux pipelines posés au sol, la circulation bloquée et des banderoles «la banque d’un monde qui meurt» ou encore «stop Eacop». Ce vendredi matin à 9 heures, une quarantaine d’activistes d’Extinction rébellion, de Fridays for Future ainsi que d’Attac ont déployé un gros dispositif devant la BNP Paribas située dans le quartier de l’opéra Garnier, à Paris.

L’action de désobéissance civile vise un projet pétrolier d’envergure en Afrique de l’est porté par TotalEnergies, dont la banque française est un «partenaire financier majeur», dénonce le communiqué transmis à Libération ce vendredi.

Début des forages

Ce projet se décline en deux volets : d’un côté «Tilenga», le forage de 419 puits en Ouganda, dont un tiers dans un parc naturel, et «Eacop» (East African Crude Oil Pipeline), le plus long oléoduc chauffé au monde, destiné à transporter les hydrocarbures sur 1 443 km jusqu’à l’Océan indien en traversant la Tanzanie. «Cette action intervient alors que la multinationale française débute le forage en Ouganda», précise XR qui exige l’arrêt du projet. Selon la presse ougandaise, il vont débuter en mars pour Tilenga.

Les collectifs estiment qu’en plus que de constituer une «aberration écologique», les droits humains ne sont pas respectés. «Cela est principalement lié au processus d’acquisition massive de terres. Les deux projets impliquent l’expropriation totale ou partielle d’environ 118 000 personnes en Ouganda et en Tanzanie. De dizaines de milliers sont privées de la libre utilisation de leur terre depuis trois ou quatre ans alors qu’elles n’ont pas encore reçu de compensation financière. De nombreuses personnes témoignent aussi de la cession de leurs terres sous la contrainte», développait en octobre dans Libé Juliette Renaud, des Amis de la Terre. L’association a intenté, avec d’autres, un recours contre TotalEnergies car elle estime que le «devoir de vigilance» de la multinationale est défaillant.

«En plus d’être une catastrophe humaine et environnementale, Eacop se trouve totalement à rebours des recommandations inlassablement martelées par des instances scientifiques comme le Giec et par l’Agence internationale de l’énergie : pour respecter l’Accord de Paris et rester sous la barre des 1,5 °C, il faut arrêter toute nouvelle extraction pétrolière ou gazière», rappelle le communiqué de XR.

La BNP Paribas ne finance pas directement les projets Eacop et Tilenga, mais est un «partenaire historique de TotalEnergies», dénoncent les collectifs. «BNP Paribas a contribué l’année dernière à un prêt de 8 milliards de dollars à la pétrolière française, crédit qualifié par les ONG de véritable “chèque en blanc” pour financer ses projets fossiles comme Eacop», précise le communiqué. Plus largement, la banque est aussi le «second investisseur de la multinationale et premier financeur européen du développement des énergies fossiles».

Les activistes promettent qu’une série d’actions va suivre pour lutter contre le projet. Ils comptent «dénoncer toutes les entreprises impliquées directement ou indirectement dans la construction du pipeline africain».