La dernière carte abattue en désespoir de cause a finalement permis une petite avancée. Lundi, trois militants anti-autoroute A69, dont l’activiste Thomas Brail, avaient lancé une grève de la soif, en plus de leur grève de la faim, pour demander l’arrêt des destructions d’arbres sur le trajet de l’autoroute A69 qui doit relier Castres (Tarn) à Toulouse (Haute-Garonne). Ce mardi 10 octobre, «ils arrêtent la grève de la faim et la grève de la soif», a indiqué à l’AFP Alexis Boniface, coprésident du Groupe national de surveillance des arbres, association de défense de l’environnement dont Thomas Brail est le fondateur.
Le Tarnais de 49 ans, déjà très affaibli par le manque de nourriture depuis trente-huit jours, a dû être hospitalisé dans la nuit de lundi à mardi à l’hôpital Cochin, à Paris après avoir fait un malaise. Il refusait toujours de s’hydrater. En réaction, la préfecture d’Occitanie a annoncé ce mardi avoir programmé une réunion vendredi «avec les maires et les élus du territoire» pour «faire un point sur l’avancement du projet d’autoroute A69 et d’en partager les perspectives». D’ici là, «les opérations de défrichement importantes n’auront pas lieu».
Pour le ministre des Transports Clément Beaune, «cette pause doit permettre un apaisement avant la réunion de vendredi». La semaine précédente, une réunion n’avait pas satisfait les opposants au projet, dont les revendications étaient restées vaines. En plus de l’arrêt des travaux le temps d’une médiation, ils demandent la tenue d’un référendum «permettant à la population concernée de s’exprimer sur ce projet». Autre revendication : «Réaliser une expertise indépendante sur les données socio-économiques actualisée tenant compte de la nouvelle donne environnementale, l’A69 reposant sur une analyse obsolète.»
Satisfaits de la suspension temporaire des travaux, les militants ont ensuite décidé de suspendre leur action. «On a bon espoir que cette réunion puisse déboucher sur des choses positives et la grève de la faim et de la soif devenait très problématique d’un point de vue santé», a soutenu Alexis Boniface. Thomas Brail devrait encore rester quelques jours à l’hôpital, a indiqué à l’AFP Vincent Allirol, l’un de ses proches également engagé contre l’autoroute.
Interrogé mardi à ce sujet par la députée LFI du Tarn, Karen Erodi, à l’Assemblée nationale, le ministre des Transports, Clément Beaune, a défendu le processus «démocratique» qui a mené au chantier de l’A69, en assurant qu’il avait «suivi heure par heure» la santé des trois grévistes de la soif.
Depuis des mois, les opposants multiplient les rassemblements et les recours en justice pour obtenir la suspension du chantier, qui a débuté avant l’été. Plusieurs mouvements écologistes ont appelé à une nouvelle mobilisation pour le week-end des 21 et 22 octobre, sur le tracé de l’autoroute décriée. Un appel relayé par les Soulèvements de la terre.
Localement, le président PS du conseil départemental du Tarn, Christophe Ramond, estime que l’autoroute est «une absolue nécessité pour le Tarn» et facteur de «désenclavement» du bassin de population de Castres-Mazamet. Le camp des opposants a reçu la semaine dernière le soutien d’un collectif de 1 500 scientifiques, dont des experts du Giec, qui ont publié une tribune dans l’Obs assurant que «l’A69 est un de ces projets auxquels il faut renoncer».