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Libération
Responsabilité

Réchauffement climatique : BNP Paribas assignée en justice par trois ONG

Au nom du devoir de vigilance, Les Amis de la Terre, Oxfam France et Notre affaire à tous assignent la première banque européenne en justice pour «sa contribution significative aux dérèglements climatiques». Les associations demandent à BNP Paribas de mettre fin à ses soutiens financiers aux nouveaux projets d’énergies fossiles.
Lors d'une action devant le Palais Brogniart, à Paris, le 27 octobre. (Geoffroy van der Hasselt/AFP)
publié le 23 février 2023 à 7h44
(mis à jour le 23 février 2023 à 7h45)

Une action en justice inédite. Les Amis de la Terre, Oxfam France et Notre affaire à tous, trois ONG de défense de l’environnement, assignent ce jeudi en justice BNP Paribas, première banque européenne, au titre de sa «contribution significative» au réchauffement climatique. Les associations l’avaient mise en demeure le 26 octobre dernier. «C’est désormais officiel, BNP Paribas devra répondre devant la justice de sa responsabilité dans la crise climatique», écrivent les trois collectifs dans un communiqué commun, en reprochant à la banque d’avoir comme clientes des entreprises du secteur pétrolier et gazier.

Comme lors de la mise en demeure, l’angle d’attaque des ONG devant le tribunal judiciaire de Paris porte sur un éventuel manquement au «devoir de vigilance» - un motif déjà utilisé par exemple contre TotalEnergies, mais pour la première fois contre une banque. Cité par le communiqué, Alexandre Poidatz, responsable de plaidoyer chez Oxfam France, soutient que «BNP Paribas continue de faire des nouveaux chèques en blanc aux plus grandes entreprises d’énergies fossiles sans condition de transition hors des pétrole et gaz.» Il regrette que la banque ne prenne pas d’«engagements concrets afin de respecter les demandes scientifiques élémentaires» et déplore que «BNP Paribas communique et contribue à alimenter la fabrique du doute sur le consensus scientifique».

Adopter un plan de sortie du pétrole et du gaz

En pratique, un huissier doit se présenter dans la matinée au siège de BNP Paribas afin de remettre l’assignation en bonne et due forme, a précisé François de Cambiaire, avocat associé au sein du cabinet Seattle et conseil des associations. «Face à sa contribution significative aux dérèglements climatiques, les associations demandent à BNP Paribas de mettre fin à ses soutiens financiers aux nouveaux projets d’énergies fossiles et d’adopter un plan de sortie du pétrole et du gaz», écrivent-elles encore, appelant à un «procès historique».

Depuis 2017, la loi française sur le devoir de vigilance impose aux grandes entreprises de prendre des mesures effectives pour prévenir les atteintes aux droits humains et à l’environnement sur l’ensemble de leur chaîne d’activité.

Dans un communiqué, BNP Paribas dit «regretter» la «voie contentieuse plutôt que la voie du dialogue». La banque avait déjà fait part de son «désaccord» avec ces ONG, en réponse à la mise en demeure, qui appelait à un retour dans les trois mois. Les entreprises «ne peuvent pas se substituer au législateur», estimait alors la banque, se disant «en profond désaccord» avec l’interprétation faite de la législation sur le devoir de vigilance.

Une réponse «à côté», selon les associations. Financeur historique du secteur industriel et de la production d’énergie, la banque française a annoncé le 24 janvier de nouveaux engagements climatiques en voulant diviser par cinq ses financements au secteur de l’extraction et de la production de pétrole.