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Chaleurs

Réchauffement climatique : dans le monde, de plus en plus de nuits au-delà de 25 °C

Environ un tiers de la population mondiale, soit 2,4 milliards de personnes, subit l’augmentation du nombre de nuits inconfortables pour le sommeil et la santé, notamment en ville. En France, le phénomène progresse et gagne des territoires situés toujours plus au Nord.
Des personnes profitent de la pleine lune qui se lève près de l'Acropole, alors que la ville est en pleine canicule, à Athènes (Grèce), le 21 juillet 2024. (Louisa Gouliamaki/REUTERS)
publié le 8 août 2024 à 17h42

De jour comme de nuit, le thermomètre grimpe. Non seulement les épisodes de canicule se font plus nombreux, les océans sont en surchauffe, et la planète bat son record de température tous les ans. Mais la nuit, synonyme en théorie de fraîcheur, n’est pas épargnée. Selon une étude parue ce jeudi 8 août, le nombre de nuits dépassant 25 °C a considérablement augmenté en dix ans. Et avec, son lot de conséquences sur la qualité du sommeil et la santé.

Les villes davantage touchées

Cette analyse scientifique, menée par Climate Central, un groupe indépendant de scientifiques et de spécialistes de la communication sur le climat, a comparé la moyenne annuelle des nuits chaudes entre 2014 et 2023. Elle conclut qu’au cours des dix dernières années, environ 2,4 milliards de personnes ont connu au moins deux semaines supplémentaires de nuits avec des températures supérieures à 25 °C par rapport à un monde hypothétique sans changement climatique d’origine humaine. Soit près de 30 % de la population mondiale.

Trinité-et-Tobago, situé dans les Caraïbes, a connu l’augmentation moyenne la plus importante de tous les pays, avec 47 nuits supplémentaires par an au-dessus des 25 °C. La ville indienne de Bombay a subi à elle seule deux mois supplémentaires de nuits chaudes. En France, le phénomène des nuits dites «tropicales» (lorsque la température ne descend pas sous les 20 °C) progresse et gagne des territoires situés toujours plus au nord.

Et c’est d’autant plus le cas dans les aires urbaines. Les immeubles, le béton et le trafic routier stockent la chaleur durant la journée pour mieux la rejeter la nuit. On parle alors d’îlots de chaleur urbains, auxquels les villes tentent désormais de s’adapter par la végétalisation ou la création de plans d’eau.

Car ces températures nocturnes élevées ne sont pas sans conséquence sur la santé. «En particulier pendant les périodes chaudes de l’année, [elles] peuvent nuire au sommeil et réduire la récupération physique à la suite de températures diurnes [en journée, ndlr] élevées, ce qui peut avoir des répercussions en cascade sur la santé», a commenté Nick Obradovich, scientifique en chef au Laureate Institute for Brain Research, basé aux Etats-Unis.

Risque mortel

Pour éviter de telles répercussions, l’Organisation mondiale de la santé recommande de maintenir la température ambiante à 24 °C ou en dessous pendant la nuit – une limite au-dessus de laquelle le sommeil devient inconfortable et peut avoir un impact sur la santé des personnes vulnérables (bébés, personnes âgées ou souffrant de maladies chroniques). Pour Nick Obradovich, qui n’a pas participé à l’étude, si le seuil de 25 °C «n’est pas une valeur absolue en dessous de laquelle la santé est bonne et au-dessus de laquelle elle se détériore», il peut entraîner des conséquences, notamment si à la chaleur s’ajoute de l’humidité, créant parfois des conditions qui peuvent devenir mortelles.

Plusieurs études ont montré que des températures nocturnes supérieures à 25 °C détériorent la qualité et la durée du sommeil – qui est vital pour le fonctionnement de l’homme – et augmentent les risques d’accident vasculaire cérébral, de troubles cardiovasculaires et de mortalité, notamment chez les personnes âgées et celles à faible revenu.