L’alerte n’est pas nouvelle, mais le phénomène s’amplifie. Le réchauffement climatique provoque de plus en plus de problèmes de santé, partout dans le monde, met en évidence, ce mercredi 30 octobre, le huitième rapport annuel de la revue scientifique The Lancet, un état des lieux sur la santé et le changement climatique dont les avenirs respectifs sont intimement liés. Réalisé en partenariat avec l’Organisation mondiale de la Santé, l’Organisation météorologique mondiale et plus de 120 experts, le Lancet Countdown révèle une aggravation de la tendance : «à cause d’un changement climatique fulgurant, les habitants du monde entier font face à des menaces sans précédent sur leur bien-être, leur santé et leur survie». La multiplication des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes – canicule, sécheresse, inondations – et leur intensification, ne représentant pas seulement une menace à long terme, mais cause dès maintenant de larges problèmes de santé, parfois mortels.
Coup de gueule
Les auteurs de cette vaste étude qui prend en compte une quarantaine d’indicateurs significatifs, pointent notamment la hausse des décès liés à la chaleur, alors que les épisodes caniculaires deviennent de plus en plus fréquents dans les régions tempérées, comme la plupart des pays d’Europe, continent qui se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde. Chez les plus de 65 ans, la mortalité liée à la chaleur avait plus que doublé en 2023 par rapport à la moyenne des années 1990, souligne le rapport, évoquant d’autres problèmes liés aux fortes températures : difficultés à dormir, risques de coup de chaud lors d’un exercice physique… En 2023, 50 000 personnes sont mortes en Europe à cause de la chaleur. Les travailleurs ne sont pas épargnés : ils sont souvent les premiers à subir les conséquences néfastes du changement climatique d’une chaleur excessive.
«Effets simultanés et en cascade»
Le rapport pointe aussi les risques des évènements climatiques dits «extrêmes», par exemple de fortes précipitations qui peuvent provoquer des inondations ou contaminer l’eau courante. Par rapport à la période 1961-1990, les années 2014-2023 ont vu augmenter de plus de moitié les régions du monde exposées à ces précipitations. Surtout, les chercheurs notent qu’il ne suffit pas d’évaluer séparément chacun de ces risques – et bien d’autres également étudiés par le rapport – : «ils ont probablement des effets simultanés et en cascade […] qui menacent de manière disproportionnée la santé et la survie des gens dès que la température mondiale augmente d’une fraction de degré».
Constatant le niveau sans précédent des émissions de CO2 en 2023, les auteurs mettent en cause la responsabilité des États, comme de l’industrie gazière et pétrolière, les accusant de continuer à investir excessivement dans les énergies fossiles. Sont par exemple en cause les mesures destinées à compenser la hausse des prix de l’énergie, dans un contexte où ces derniers ont notamment bondi dans la foulée du conflit russo-ukrainien. «Si on n’agit pas maintenant, l’avenir s’annonce très dangereux», avertit la chercheuse Marina Romanello qui a coordonné le rapport. «Le temps perdu se paie en vies humaines.»