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Sécheresse

Restrictions d’eau : comment savoir si vous êtes concerné

Le ministère de la Transition écologique a présenté ce mardi un nouvel outil censé permettre de mieux visualiser les arrêtés préfectoraux en période de sécheresse. Les nappes phréatiques restent à un niveau «préoccupant», 68 % d’entre elles étant sous les normales de saison.
39 % de l’eau potable est utilisée pour se laver. (Frederic Scheiber/Hans Lucas. AFP)
publié le 11 juillet 2023 à 16h20

Alors que l’été s’annonce particulièrement chaud et sec, l’exécutif entend inciter chacun à économiser l’or bleu. Ce mardi, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a annoncé en grande pompe un nouvel outil à destination du grand public, permettant de visualiser les restrictions d’eau dans sa commune en période de sécheresse. Nommé VigiEau, il est accessible via un site dédié ainsi que sur l’application de Météo France. «Un pas de plus vers une gestion plus durable de la ressource en eau», s’est félicité le ministre.

«L’idée est d’avoir un portail qui permette à chacun, en tapant son adresse, d’avoir immédiatement à la fois la situation dans laquelle se trouve le lieu où il est, les consignes qui s’y appliquent et le rappel des bonnes pratiques», a-t-il déroulé lors d’une conférence de presse mardi matin. Objectif : faciliter l’accès à l’information pour améliorer le respect des arrêtés en vigueur, notamment en période estivale lorsque les vacanciers atterrissent dans des communes dont ils ignorent les restrictions.

«148 litres d’eau par jour et par personne»

Cet outil figurait dans les 53 mesures du plan eau, annoncé en mars par le gouvernement, dont trois ont pour l’heure été mises en place, selon un premier bilan d’étape du ministère. Sur la page d’accueil, une barre de recherche surplombe une carte de France des arrêtés sécheresse en cours, avec des couleurs différentes en fonction du niveau (vigilance, alerte, alerte renforcée, crise). Par exemple, en tapant «Perpignan» cette semaine ou en se géolocalisant, le message «Vous êtes sur une zone en crise» s’affiche. Juste au-dessous, on peut lire : «Le respect des restrictions est obligatoire sous peine de recevoir une amende de 1 500 euros.» Seules les règles générales pour les particuliers s’affichent, pas celles destinées aux agriculteurs ou aux industriels. Dans la capitale des Pyrénées-Orientales, il est interdit d’arroser les jardins, de remplir les piscines ou de laver les voitures, informe le site. Cependant, il faut cliquer sur le lien menant à l’arrêté rédigé par le préfet pour prendre connaissance de quelques exceptions. Pas si pratique que ça.

En parallèle, Christophe Béchu a précisé sur France Inter que la police de l’eau allait mener cet été à davantage de contrôles que l’an dernier pour tous les usagers. «Nous avons besoin que tout le monde fasse des efforts : industriels, bien entendu l’agriculture, mais aussi les particuliers, car 148 litres d’eau consommés par jour et par personne, ce n’est pas marginal», a insisté le ministre. Le site de VigiEau précise que 39 % de l’eau potable est utilisée pour se laver, 20 % pour aller aux WC, 6 % pour laver sa voiture ou encore 1 % pour boire. Des «écogestes» tels que des douches plus courtes, l’installation de récupérateurs d’eau de pluie, de mousseurs et pommeaux de douches plus économes sont aussi rappelés.

Données manquantes

VigiEau, dont les données sont issues des services de l’Etat, a été développé par et pour les citoyens. Une méthode «pas anodine» qui vise à «embarquer tout le monde», s’est enthousiasmé Christophe Béchu. Une dizaine de membres de LaReserve.tech, collectif spécialisé dans la création de réponses technologiques en temps de crise, se sont «engagés nuits, soirs, et week-ends pendant trois mois», a détaillé Florian Gauthier, cofondateur du programme. Le ministère a donc misé sur le bénévolat pour bénéficier d’un nouvel outil.

La plateforme de sensibilisation qui en résulte est plus interactive, attrayante et riche que son ancêtre Propluvia, site vieillissant qui s’était illustré durant l’été 2022 par ses plantages massifs. Mais VigiEau se concentre sur les particuliers et arrive un brin en retard, à l’heure où les deux tiers des départements français sont déjà soumis à des restrictions d’eau et que certains territoires ont des difficultés depuis plusieurs mois. L’Oise, le Loiret, le Loir-et-Cher, la Sarthe, l’Indre-et-Loire, le Maine-et-Loire, la Loire-Atlantique, la Vendée, les Pyrénées-Orientales et l’Aude sont actuellement concernés par le stade ultime de crise sur une partie de leur territoire.

Le ministre a profité de la présentation de VigiEau pour annoncer le bilan mensuel de l’état des nappes établi par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) : 68 % d’entre elles affichaient un niveau sous les normales fin juin, un peu plus que le mois précédent, et presque 20 % sont dans le rouge avec un niveau très bas. Une situation toujours «préoccupante», avertit le ministre. Les ressources souterraines s’affaiblissent donc avec l’arrivée de l’été malgré les pluies orageuses, trop subites pour s’infiltrer dans les sols. Le bassin parisien, l’arc méditerranéen, le couloir rhodanien ainsi que la plaine d’Alsace sont les territoires les plus marqués par le manque d’eau actuellement.

Annoncé depuis l’hiver comme un «écowatt de l’eau», VigiEau ne permettra finalement pas de suivre en continu l’évolution des tensions sur la ressource, comme ce fut possible pour l’électricité cet hiver. Impossible de visualiser le niveau des nappes, celui des cours d’eau ou encore l’impact des efforts collectifs au niveau local. «Il y a 1 100 sous-bassins versants en France, donc autant de situations hydriques différentes à l’heure actuelle. Compte tenu de cette réalité, on ne pourra pas avoir un outil qui en temps réel, sur un site grand public, donne la situation», s’est justifié Christophe Béchu. Car la France peine à produire des données exhaustives sur l’eau, à les harmoniser et à les mettre à disposition du grand public. Résultat, la quantité d’eau disponible dans les nappes et les volumes prélevés par les activités humaines ne sont pas connus au jour le jour pour chaque bassin-versant. Un travail qui prendrait des années.