Françoise habite au fond d’une impasse. C’est à l’abri des regards qu’elle étend son linge contre la glycine et laisse traîner les seaux au pied des jardinières. Elle cache une bassine contre l’escalier, une autre dans l’évier. La septuagénaire retrouve les habitudes de sa grand-mère : elle prend une douche «tous les deux jours», elle garde «l’eau de la salade» pour arroser les plantes, elle tire la chasse «après deux ou trois pipis». Il n’y a pas de petites économies. Son village de Saint-Paul-en-Forêt (Var) et les huit autres communes du Pays de Fayence sont, depuis juillet, sous le coup d’un arrêté municipal de restriction de l’usage de l’eau. Pour les 30 000 habitants du secteur, la consommation est, depuis cette semaine, limitée à 100 litres par personne et par jour – quand l’utilisation moyenne d’eau d’un Français s’élève à 149 litres. La sécheresse sévit. La réserve se tarit.
«Les forages de la source dont nous sommes dépendants, la Siagnole, sont au plus bas, expose le maire Nicolas Martel. A un moment donné, la source donnera moins d’eau que ce que consommeront les habitants. Le risque, c’est la coupure.» Les jolies tuiles de Saint-Paul-en-Forêt ne se souviennent plus du bruit de la pluie. Cette année, dans le Var, il est tombé 287 millimètres d’eau, trois fois moin