Après le beau temps, la pluie. Les ondées et la fraîcheur vont faire leur réapparition dès ce week-end dans le sud de la France. Selon la Chaîne météo, «les températures vont chuter après le passage des orages dans le sud ce week-end, si bien que la baisse dans le sud-ouest sera d’environ 10 °C entre ce samedi et dimanche». Il ne faut rien espérer de mieux les jours suivants. «Le début de semaine s’annonce automnal avec des températures dignes d’une fin avril.» Les pluies, elles, vont gagner le nord de la France dans le courant de la semaine prochaine, avec des averses parfois nombreuses. Le retour du mauvais temps est-il le signe que l’été peine à s’installer en France ? Les explications du prévisionniste de Météo France, François Gourand.
Le beau temps est à peine revenu et il laisse déjà place à de la pluie la semaine prochaine, pourquoi ?
Le climat en France reste tempéré et variable. Même au mois de juin, ce climat est fait d’une alternance de périodes sèches et d’autres pluvieuses. Le fait d’avoir quelques jours de beau temps suivis d’épisodes de pluies est tout à fait dans l’ordre des choses. D’ailleurs, le retour des averses est annoncé dès ce week-end sur le sud du pays, où il va beaucoup pleuvoir par endroits.
Interview
Ce qui était anormal, c’est la durée de la période pluvieuse précédente. On a eu des récurrences d’épisodes pluvieux liés à ce qu’on appelle des «gouttes froides». Elles se sont succédé quasiment sans interruption pendant tout le mois de mai. Cela arrive, mais de manière ininterrompue comme le mois dernier, c’est rare et c’est une histoire de blocage météorologique. Vous avez des situations qui sont «figées». En mai, on a connu un «axe de haute pression» sur le nord de l’Europe. C’est-à-dire que les températures étaient estivales et le temps ensoleillé sur la Scandinavie, et cet axe d’air chaud et sec bloquait sur la France les perturbations pluvieuses.
Pourquoi l’été a-t-il du mal à s’installer ?
Des influences de nord-ouest nous amènent de l’air frais et humide et empêchent un temps chaud et sec de s’installer. Mais encore une fois, le temps chaud et sec sur le nord de la France n’est pas la normale de notre climat, qui se caractérise par des alternances de périodes sèches et pluvieuses. Et si nous avons l’impression que le temps ne tourne pas rond, c’est que nous avons été mal habitués par les étés récents. L’été 2022 est encore dans toutes les mémoires : nous avons eu un temps chaud et sec dès le mois de mai et ce, pendant plusieurs mois, y compris dans le nord de la France. C’était absolument anormal.
Actuellement, à part cette longue période pluvieuse du mois de mai, nous connaissons à nouveau des alternances. Il peut y avoir quelques jours de temps calme et ensoleillé suivis du retour de légères pluies. Celles de la semaine prochaine n’auront rien à voir avec ce que nous avons connu ces dernières semaines. Ce qui nous attend, c’est tout à fait classique.
Dans le sud, où il y aura des pluies orageuses, l’air chaud vient se confronter à une goutte froide qui se situe au niveau du Portugal. Elle va glisser vers l’Espagne et se rapprocher de nous. Le contexte va devenir très instable et favoriser les développements orageux puissants, du fait d’un contact entre de l’air chaud et de l’air humide. Il y a beaucoup d’eau à condenser et à faire précipiter, donc il y a un potentiel pluvieux important.
Quel est l’effet du réchauffement climatique sur ces perturbations ?
Nous n’avons pas, à ma connaissance, d’étude sur la récurrence des gouttes froides ou la longueur des blocages. Des indices semblent quand même indiquer que nous serions soumis de manière plus récurrente à des flux méridiens, c’est-à-dire des échanges de masses d’air chaud et froid entre le nord et le sud qui ont tendance à accentuer les extrêmes. Mais c’est une observation qui reste à consolider.
L’effet du réchauffement climatique sur la durée d’un temps pluvieux ne me paraît pas évident. En revanche, quand on prend une situation de «goutte froide», comme l’air est globalement réchauffé et plus humide, lorsqu’il se met à pleuvoir, les pluies sont plus importantes. Le réchauffement climatique ne joue pas tant sur la fréquence des phénomènes que sur leur intensité.