Le temps hivernal n’aura pas résisté longtemps. Depuis le début du mois, la France traverse un épisode de froid marqué qui devrait perdurer jusqu’au samedi 20 janvier, prévoit Météo France ce vendredi 19 janvier. La nuit de jeudi à vendredi a même apporté une chute des températures remarquable dans le Sud-Ouest, où 12 °C ont été perdus en quelques heures. Au nord, la station météorologique d’Arras (Pas-de-Calais) a aussi relevé un record de froid absolu depuis 1987, date de son inauguration, avec -14,7 °C.
Mais dès dimanche, le temps devrait radicalement changer et le mercure pourrait prendre des allures printanières. «Nous reviendrons à un régime océanique et le pays enregistrera des températures très douces en milieu de semaine», détaille Christine Berne, climatologue à Météo France jointe par Libération. «L’anticyclone qui apportait le froid va se décaler vers l’Europe centrale», abonde Guillaume Séchet, prévisionniste et fondateur du site Météo-Villes. «Un courant océanique va de nouveau s’imposer, ce qui veut dire que la douceur reviendra depuis l’océan Atlantique, qui atténue les effets du froid.»
+10 à 15 degrés, pas une anomalie
En quelques jours, «nous devrions gagner 10 à 15 °C en moyenne», poursuit Christine Berne. De quoi déboussoler les esprits, même si la situation reste «hyper classique», affirment les deux spécialistes auprès de Libération. «Un épisode de froid se termine toujours par une remontée des températures. Elle peut se faire de façon progressive ou de manière plus brute, cela reste vraiment lié à la météo», explique la climatologue. «La France est habituée à osciller entre des périodes froides et un temps doux», note aussi Guillaume Séchet.
Le froid sans grand excès de ces 10 derniers jours, va vite être oubliée la semaine prochaine avec "une anomalie chaude" très prononcée. On pourra parler de très grande douceur en l'absence probable de phénomènes de basses couches s'il y a du flux. On pourrait approcher certains… pic.twitter.com/xmTX36eXJs
— Extrême Météo (@ExtremeMeteo) January 17, 2024
Ces oscillations brusques de températures ne sont pas liées au réchauffement climatique et peuvent survenir tous les ans, souligne Christine Berne : «Je me suis amusée à regarder ce qu’il en était lors de l’hiver très froid de 1954, année de l’appel de l’abbé Pierre. Le pic de la vague de froid avait eu lieu le 1er février, et dix jours plus tard, il faisait 15 °C de plus en moyenne dans le pays. Et ce, il y a 70 ans, lorsque les niveaux des températures étaient beaucoup plus froids.»
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Danger pour les végétaux
Ainsi, ce sera plutôt le niveau des températures atteint la semaine prochaine qui pourrait être attribué au réchauffement global de la planète : il fera en moyenne 13 °C dans le pays, avec des pointes à 15 °C localement. «On pourra parfois être jusqu’à 7 °C au-dessus des normes pour un mois de janvier. On s’approchera peut-être des records, mais la situation ne devrait pas être exceptionnelle», déroule Guillaume Séchet. De manière générale et malgré l’épisode de froid actuel, la douceur domine encore l’hiver météorologique, entamé début décembre et qui se terminera fin février. «Le froid peut paraître important pour les plus jeunes qui n’ont pas vécu de vagues de froid intenses, mais cet hiver reste assez timoré», remarque encore le prévisionniste. «Pour une même situation dans les années 1980, nous aurions sûrement eu plus de froid et plus de neige.»
Les risques liés à ce redoux se posent surtout pour la nature, déboussolée par la chaleur. En dormance pendant l’hiver, certaines plantes ont besoin de froid pour mieux fleurir au printemps. Mais lorsque le mercure grimpe trop, les végétaux peuvent éclore trop tôt. Fatigués, ils deviennent plus vulnérables aux agressions. Une remontée des températures peut également entraîner une fonte de neige précoce sur certains massifs qui alimentent des cours d’eau déjà saturés, pointe Christine Berne : «C’est un impact possible mais nous n’en sommes pas encore là. Il faudra surveiller dans les semaines à venir.»