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Sécheresse : Bogotá appelle eau secours, par Colombe Boncenne et Tiffany Tavernier

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L'eau, une ressource essentielle et menacéedossier
Arrivée quasiment au bout de ses réserves, la capitale colombienne a mis en place jeudi des mesures drastiques de restriction d’accès à l’eau pour ses 8 millions d’habitants. Une première pour une ville de cette taille et un signal fort.
Bogotá, le 1er février. La capitale colombienne a été énormément affectée par le phénomène climatique El Niño. (Juancho Torres /Anadolu. AFP)
par Colombe Boncenne et Tiffany Tavernier
publié le 11 avril 2024 à 20h41

Il faut imaginer une agglomération grouillante de plus de 8 millions d’habitants, perchée sur un plateau à plus de 2 600 mètres d’altitude, totalement encerclée par les montagnes. Il faut imaginer partout alentour une forêt humide qui s’étend sur des dizaines de kilomètres. Il faut imaginer un climat tempéré (12 °C en moyenne), un ciel entre brumes et grisailles, une humidité sans cesse palpable. A Bogotá, l’élément eau est partout présent. Bogotá, ville-cuve, ville-réservoir, ville-entonnoir, ce sont les mots qui nous viennent, à nous deux qui connaissons cette capitale. Pourtant, depuis ce jeudi 11 avril, la municipalité a mis en place des mesures drastiques de restriction d’accès à l’eau. Et pour cause : les barrages de Chuza et San Rafael, qui alimentent 70 % de la ville, en sont respectivement à 16 % et 19 % de leur capacité de réserve. Des chiffres qui ne vous parlent pas ? En langage Hollywood, cela donnerait : dans 54 jours, Bogotá est à sec. Vous avez soif ? Envie d’un verre d’eau du robinet ? Un peu chaud ? Besoin d’une douche ? Vous n’avez plus qu’à prendre un avion, paradoxalement le moyen le plus efficace de quitter la ville, victime d’embouteillages monstres et dépourvue de réseau ferroviaire.

Records de température

En cause : un cocktail de mauvaise gestion de l’eau et de réchauffement climatique, auquel s’ajoute cette année le terrible El Niño. Ce phénomène climatique naturel, lié à un réchauffement de l’océan Pacifique équatorial et se produisant en moyenne tous les trois à sept an