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Inégalités

Selon Oxfam, les 1 % les plus riches du monde émettent autant de CO2 que les deux tiers des plus pauvres

77 millions de fortunés émettent autant de gaz à effet de serre que les cinq milliards de personnes les plus pauvres de la planète, dénonce un rapport d’Oxfam publié dimanche 19 novembre.
Au salon aéronautique de Dubaï, le 13 novembre. (Kamran Jebreili/AP)
publié le 20 novembre 2023 à 12h29
(mis à jour le 20 novembre 2023 à 12h29)

Le poids des plus riches pèse lourd dans la balance du dérèglement climatique. Selon un rapport d’Oxfam publié dimanche 19 novembre, les 1 % les plus riches de la planète, soit 77 millions de personnes, émettent autant de gaz à effet de serre que les deux tiers de la population la plus pauvre, soit environ cinq milliards de personnes. L’empreinte carbone de ces très riches s’est ainsi établie en 2019 à «16 % des émissions mondiales», et a «occasionné 1,3 million de décès supplémentaires dus à la chaleur», chiffre le rapport.

Si la lutte contre le changement climatique est un défi commun, certains en sont donc plus responsables que d’autres et les politiques gouvernementales doivent être adaptées en conséquence, a exhorté Max Lawson, coauteur du rapport publié par l’ONG de lutte contre la pauvreté. «Plus vous êtes riche, plus il est facile de réduire vos émissions personnelles et celles liées à vos investissements, selon lui. Vous n’avez pas besoin d’une troisième voiture, de quatrièmes vacances ou […] d’investir dans l’industrie du ciment.»

Selon Oxfam, «les 50 % les plus pauvres sont responsables d’à peine 8 % des émissions mondiales de CO2». Parmi les autres principales conclusions, le rapport alerte aussi sur le fait que «depuis les années 1990, les 1 % des super-riches ont brûlé deux fois plus de budget carbone que la moitié la plus pauvre de l’humanité réunie». Le seuil de revenu annuel pour faire partie des 1 % les plus riches a été ajusté par pays : aux Etats-Unis, le seuil est de 140 000 dollars, alors qu’il se fixe à environ 40 000 dollars au Kenya.

Bernard Arnault émet 1 270 fois plus de gaz à effet de serre qu’un Français moyen

Ces «inégalités extrêmes» n’épargnent pas la France, selon Oxfam. Si l’on exclut les émissions associées à ses investissements, Bernard Arnault, le PDG français du groupe de luxe LVMH, a une empreinte carbone 1 270 fois supérieure à celle d’un Français moyen. En 2019, le Français le plus riche du pays aurait ainsi émis près de 8 100 tonnes de CO2, contre 6,4 tonnes pour un Français moyen. Ces émissions de carbone dans l’atmosphère présentent des «conséquences dramatiques pour les pays et les communautés les plus pauvres – avec en première ligne les femmes et les enfants –, qui sont pourtant les moins responsables de la crise climatique», détaille l’ONG. Dans l’Hexagone, les 1 % les plus riches auraient émis autant de carbone en un an que les 50 % les plus pauvres en dix ans.

«Nous pensons qu’à moins que les gouvernements n’adoptent une politique climatique progressiste, où les personnes qui émettent le plus sont invitées à faire les plus grands sacrifices, nous n’obtiendrons jamais de bonnes politiques dans ce domaine», a estimé Max Lawson. Cela pourrait consister à la mise en place d’un «ISF climatique» ; à «mettre fin aux niches fiscales climaticides comme celle sur le kérosène de l’aérien» ; ou encore à une «taxe sur les dividendes pour les entreprises ne respectant pas l’Accord de Paris». Selon Oxfam, ces différentes mesures de fiscalité écologique pourraient engranger «50 milliards d’euros de recettes par an à la France».

Intitulée «L’égalité climatique : une planète pour les 99 %», cette étude, la plus complète jamais réalisée sur l’inégalité climatique mondiale, s’appuie sur des recherches compilées par l’Institut de l’environnement de Stockholm et analyse les émissions liées à la consommation associées à différentes catégories de revenus jusqu’en 2019. Selon elle, «l’accroissement des inégalités» et le «dérèglement climatique» se présentent comme «deux crises entrelacées, fusionnées, et [qui] s’alimentent mutuellement». Un cercle vicieux qui doit cesser au plus vite.