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Libération
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Tempête Kirk : pourquoi certains phénomènes météo sont nommés et d’autres pas ?

Les services météorologiques baptisent les tempêtes pour améliorer la communication des règles de sécurité, mais ne choisissent un nom à un phénomène que lorsque ce dernier se révèle dangereux.
La tempête Kirk au-dessus de l'océan Atlantique, lundi 30 septembre. (NOAA/AP)
publié le 8 octobre 2024 à 17h35

La dépression Kirk traverse l’Atlantique et s’approche dangereusement de la France, l’ouragan Milton inquiète la Floride et le Mexique tandis que l’Europe centrale se remet des violents dégâts causés par Boris. Il y a près d’un an, c’était Ciaran qui secouait violemment l’ouest européen, dont la France. Pourtant, ce matin, les Marseillais réveillés les pieds dans l’eau n’avaient aucun nom à attribuer aux pluies diluviennes qui se sont abattues dans le Sud-Est. «Donner un nom aux tempêtes permet de communiquer plus efficacement à l’approche d’un phénomène de vent violent», rappelle Météo-France. Dans le même temps, accumuler les noms pour chaque phénomène s’avérerait contre-productif.

Pour savoir quand une tempête est baptisée, il faut déjà partir des services du pays qui la nomment. Jusqu’en 2017, l’université libre de Berlin se chargeait seule de nommer les anticyclones et dépressions qui balayaient le sol européen. Mais depuis cette date, la procédure a changé en Europe, pour éviter les Klaus, Lothar et autres noms à consonance germanique moins percutants pour la majeure partie de la population. Cinq pays – Espagne, Portugal, Belgique, Luxembourg et France – se coordonnent désormais : le service météorologique du premier touché est chargé de piocher un nom dans une liste préétablie (de Dorothea à Olivier, en passant par Salma ou Thimothee pour la saison 2024-2025).

«Une dépression est nommée seulement si elle risque de provoquer une vigilance vent de niveau orange»

Pour autant, tout phénomène météo ne se voit pas affublé d’un nom : «Une dépression est nommée seulement si elle risque de provoquer une vigilance vent de niveau orange sur l’un des cinq pays», souligne Météo-France. A noter qu’un vent est jugé violent (donc dangereux) «lorsque sa vitesse atteint 80 km/h en vent moyen et 100 km/h en rafales dans l’intérieur des terres». Le seuil varie en revanche selon les régions – il est plus élevé vers les littoraux et dans le Sud-Est. De même, «les tempêtes dues aux vents régionaux comme le mistral ne rentrent pas dans ce cadre et ne sont donc pas nommées».

Si une tempête affecte d’abord l’Irlande, la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas, le nom choisi par leurs services météo est retenu – et inversement. Là aussi, avec des critères de dangerosité du phénomène. «Au Royaume-Uni, une tempête est désignée lorsqu’elle est susceptible de provoquer des perturbations ou des dommages pouvant donner lieu à une alerte orange ou rouge, précise le Met Office, service météo britannique. Les tempêtes sont généralement désignées en fonction de l’impact des vents forts, […] mais aussi par exemple des effets de la pluie et de la neige.»

Hors de l’Europe, c’est l’Organisation météorologique mondiale (OMM) qui fait autorité. Elle délègue ce choix à cinq organismes régionaux. Les critères précis peuvent varier d’une région à l’autre, mais les phénomènes sont généralement nommés lorsqu’il s’agit d’une tempête tropicale – «lorsque la vitesse maximale du vent soutenu est supérieure à 63 km/h», explique l’organisme mondial.

Quant aux noms choisis, la logique est la même quel que soit l’organisme : donner un nom familier où va se produire l’événement pour que la population soit plus réactive. Idée saugrenue ? Pas vraiment. Des sondages menés au Royaume-Uni et en Irlande avaient montré que la population était beaucoup plus attentive aux consignes quand la menace était clairement identifiée. Et si, jusqu’aux années 80, les noms donnés étaient exclusivement féminins, les services spécialisés veillent maintenant à l’alternance.

C’est donc en suivant cette logique que la dépression Kirk a été nommée. Puisque l’ouragan s’est formé le 29 septembre, près du Cap-Vert (au nord-ouest de l’Afrique), les services spécialisés régionaux ont pioché dans la liste de nom fournie par l’OMM. Un choix pas vraiment inédit : avant 2024, deux autres Kirk s’étaient formées dans l’océan Atlantique en 2012 puis 2018. Et un typhon Kirk avait déjà balayé le Japon en 1996.